Épargne retraite

Un marché à saisir

L’épargne retraite des Français s’élevait à 879 milliards d’euros en 2018, dont près de 43 % en assurance vie
Les Français épargnent moins que le reste du monde mais un rattrapage est en train de s'opérer

Ces dernières semaines, la France vit au rythme de la très forte mobilisation contre la réforme des retraites. Pour certains, elle ne serait qu’un moyen pour le gouvernement d’ouvrir le marché des retraites aux acteurs privés. Que ces allégations soient justifiées ou non, une chose est sûre, ce marché attise les convoitises. 

Et pour cause, selon les résultats de l’édition 2019 de l’Observatoire des Retraites Européennes d’Eres, l’épargne retraite des Français s’élevait en 2018 à 879,4 milliards d’euros, contre 545,3 milliards en 2008, soit une hausse de 61,3 % en seulement 10 ans. Un chiffre à nuancer puisque sur la même période, l’épargne retraite dans les pays membres de l’OCDE a progressé de 85 % (1).

 

L’assurance vie perd du terrain. En 2018, l’épargne retraite représentait près de 23 % de l’épargne financière totale des Français, contre 17 % en 2008. Elle se répartissait entre les produits d’épargne retraite dédiés (environ 220 milliards d’euros) et les autres placements financiers de type PEE, livrets, valeurs mobilières et bien-sûr assurance-vie. Le placement préféré des Français représentait moins de 43 % des encours, contre 48,2 % en 2008. Un chiffre encore appelé à diminuer puisque l’une des volontés affichées par l’exécutif avec la loi Pacte est le transfert d’une partie des stocks de l’assurance vie vers le nouveau PER. Ainsi, jusqu’au 1er janvier 2023, tout rachat d’un contrat d’assurance vie de plus de 8 ans fera l’objet d’un abattement fiscal doublé, à condition que les sommes soient réinvesties dans un plan d’épargne retraite et qu’il soit effectué au moins 5 ans avant le départ en retraite.

« La progression de l’épargne retraite des Français est pénalisée par la composition de leurs portefeuilles. En France, la plus grande partie de l’épargne retraite est encore investie en fonds en euros, alors que dans les autres pays de l’OCDE l’épargne est placée dans des fonds de pension. La généralisation de la gestion pilotée avec la loi Pacte va orienter l’épargne vers l’économie productive afin d’offrir de meilleurs rendements aux futurs retraités », souligne Pierre-Emmanuel Sassonia, directeur associé d’Eres.

C’est tout le sens de la réforme déployée l’an dernier et du lancement, le 1er octobre 2019, des nouveaux Plan d’épargne retraite (PER). Un nouveau dispositif qui génère beaucoup d’attentes et d’opportunités pour les professionnels. « Le nouveau PER va révolutionner le paysage de l’épargne retraite en France. Avec cette réforme, l’ambition portée par le gouvernement [100 milliards d’euros supplémentaires en 5 ans sur les produits dédiés à la retraite, ndlr] devrait permettre à la France de rattraper une partie de son retard », assure Pierre-Emmanuel Sassonia.

 

Le retard Français. En 2019 les investisseurs actifs français épargnaient en moyenne 13 % de leur revenu annuel pour leur retraite (contre 15,3 % dans le monde), selon l’étude Schroders Global Investor Study publiée fin 2019. L’enquête, menée auprès de plus de 25.000 particuliers investissant depuis 32 localisations à travers le monde, dont la France, met notamment en avant l’inquiétude des épargnants. 24 % des sondés se disaient ainsi préoccupés de savoir s’ils auront une retraite suffisante. Un chiffre encore plus important chez les baby-boomers (2) (34 %) mais plus faible chez les millennials (3) (20 %).

« Les résultats de l’étude sont prometteurs et montrent clairement un degré d’engagement de plus en plus important de la part des investisseurs dans la constitution de leur épargne-retraite », note Sangita Chawla, responsable de l'épargne retraite chez Schroders.

En France, les actifs pensent pouvoir retirer 9,6 % de leur épargne-retraite sans épuiser leurs ressources contre 10,3 % dans le monde. Côté risques, 27 % des sondés français déclaraient prendre plus de risques avec leur épargne retraite que leur épargne personnelle. Une bonne nouvelle pour l’industrie assurantielle qui essaye depuis des années d’orienter les épargnants vers les unités de compte.  

 

(1) Source : OCDE, « Pension markets in focus 2019 »

(2) Personnes âgées de 51 à 70 ans

(3) Personnes âgées de 18 à 37 ans

 

Source : Banque de France, Insee, AFG, FFA, Analyses Eres