
Suravenir relance sa stratégie sur l’assurance emprunteur malgré la baisse de production de crédits

L’entrée en vigueur de la loi Lemoine aura fait reculer Suravenir, mais l’histoire fait qu’elle lui permettra de mieux sauter. «Lorsque la loi est entrée en vigueur, nous avons tout simplement stoppé cette activité par prudence. Aujourd’hui, je peux vous dire que nous la reprenons pleinement», a affirmé François-Régis Bernicot, directeur général de Suravenir lors d’une rencontre organisée par l’Association nationale des journalistes de l'assurance (ANJA). La filiale assurance vie du Crédit Mutuel Arkea reprend ainsi en main cette activité – qui représente aujourd’hui environ 25% de son chiffre d’affaires – malgré une baisse de la production de crédit qui affecte surtout les primes nouvelles.
L’entrée en vigueur de la loi Lemoine, en septembre dernier, a ouvert à l’ensemble des contrats d’assurance emprunteur la résiliation à tout moment. Elle impliquait également la suppression du questionnaire de santé pour les emprunteurs d’un crédit de moins de 200.000 euros avant leurs 60 ans et a fait évoluer le droit à l’oubli. «Par précaution, nous avons augmenté de façon significative nos prix, c’était juste une manière technique d’attente. Nous avons craint des effets d’aubaines sur le marché», a expliqué le directeur général.
Au-delà de ce risque, l’assureur breton ne voulait pas tomber dans l’antisélection. «La mutualisation des contrats individuels est beaucoup plus fragile, puisqu’il y a moins de personnes couvertes. S’il y a antisélection vous cassez l’équilibre technique. Aujourd’hui, nous n’avons pas observé un tel mouvement sur le marché», a affirmé le patron de la filiale assurance vie.
Le vent nouveau
Quelques mois après l’entrée en vigueur de la loi Lemoine, le constat est clair pour le dirigeant : le marché de l’emprunteur est tiré par la déliaison. «L’initiative a marché, puisque depuis la loi Lemoine, le nombre de résiliations a fortement augmenté. Sur le portefeuille collectif également, on remarque un doublement des résiliations».
Après plusieurs mois d'observations, l’assureur compte désormais profiter de cette opportunité de marché. «Nous sommes en train de revoir nos tarifs. Sur la partie individuelle, nous tablons sur une hausse comprise entre 15 et 25%. Pour les contrats collectifs, les tarifs devraient rester les mêmes», a affirmé François-Régis Bernicot. Basé majoritairement en région, la partie des crédits assurés au sens Lemoine s’avère plus importante que celle annoncée par le marché, selon le directeur général.
La filiale assurance vie du Crédit Mutuel Arkea attend désormais la stabilisation du marché du crédit afin de se projeter. Elle souhaiterait, à terme, développer cette activité auprès des courtiers. En parallèle, l’assureur breton souhaite aussi «faire doubler la taille de son activité prévoyance». Cette branche représente jusqu’ici une partie minime de ses métiers. En 2022, l’épargne a représenté près de 75% de son chiffre d’affaires.