
Retraite: une réforme pour rendre le système plus équitable

La retraite sera l’un des nombreux chantiers du nouveau président de la République lors de son quinquennat. Dans son programme, Emmanuel Macron indique vouloir instaurer un nouveau système qui, bien que conservant sa nature par répartition, proposerait une égalité des droits. « Nous créerons un système universel de retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé », indique le programme retraite d’En Marche ! « Les cotisations, aux régimes de base comme aux régimes complémentaires, qu’elles soient versées sur les bases de revenus ou acquises au titre de la solidarité (pour les chômeurs par exemple) seront inscrites sur un compte individuel et revalorisées chaque année selon la croissance des salaires. Ainsi, chaque euro cotisé accroîtra de la même manière la pension future, quel que soit le statut du travailleur et l’origine de cette cotisation», précise le programme. La société de conseil en stratégie retraite Novelvy Retraite s’est intéressée aux origines du projet ainsi qu’au calendrier nécessaire pour le mettre en place. « Les étapes décrites dans le projet En Marche ! ressemblent aux phases décrites dans un rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) consacré en 2008 au nouveau système de retraite suédois », indique Novelvy Retraite. Avec des différences toutefois, car la Suède bénéficiait, avant la refonte de son modèle, d’un système unifié. Les changements opérés ont affecté les assurés de la même façon. De plus, le régime bénéficiait de réserves financières qui permettaient une certaine souplesse dans l’application des mécanismes correcteurs.
« Avec cette réforme, Emmanuel Macron souhaite remplir les objectifs d’équité intragénérationnelle comme intergénérationnelle. Il met en place un système futur équilibré dans lequel 'aucune génération ne transmet de dettes à la suivante' », précise Novelvy Retraite dans son décryptage. Il faut préciser que si la réforme est mise en place sans incident de parcours, elle ne produira pas ses effets immédiatement mais plutôt durant le prochain quinquennat, à horizon 2023. Le nouveau système « verserait des premières prestations partielles en 2028 aux assurés nés en 1966. En prenant pour hypothèse une transition sur dix ans, en 2038, les assurés nés en 1976 seraient les premiers à toucher des pensions entièrement calculées selon les modalités du nouveau régime », indique Novelvy Retraite.
Toutefois, quelques questions demeurent, la première étant sur le traitement du déséquilibre financier actuel. « Dans son programme, En Marche ! évite de soulever la question 'le problème des retraites n’est plus un problème financier' », précise Novelvy. Emmanuel Macron ne souhaite pas modifier les paramètres de départ en retraite. L’âge légal est donc maintenu à 62 ans, en tenant compte des spécificités de certains régimes et des caractéristiques des métiers. Dans le système actuel, la durée d’assurance est un paramètre essentiel. Lorsqu’elle est suffisante, elle permet d’obtenir une retraite sans minoration dans la plupart des régimes de retraites, à quelque rares exceptions près. « Cette notion de taux plein devrait disparaître dans le futur système où les cotisations versées deviendraient le paramètre essentiel pendant la période d’activité. Les droits accordés au titre de la solidarité seraient traduits en cotisations sur le compte individuel. Au moment de la retraite, l’espérance de vie de la génération de l’assuré serait le paramètre de détermination du montant de la pension », analyse Novelvy Retraite.