Assurance emprunteur

« Nous allons proposer une tarification plus attractive »

La récente décision du Conseil constitutionnel rebat les cartes de l’assurance emprunteur
Les banques devraient néanmoins rester les principaux acteurs sur ce marché
DR, Joël Farré, directeur général, Metlife France

Comment la législation a-t-elle évolué dans le domaine de l’assurance de prêt immobilier ?  

Différentes lois ont été promulguées dont l’objectif consiste à offrir une réelle offre concurrentielle à l’assuré et le libre choix de son fournisseur d’assurance entre les banques et les compagnies d’assurance. En 2010, la loi Lagarde a offert aux emprunteurs la liberté de choisir une assurance autre que celle proposée par la banque pour couvrir son prêt immobilier. Puis en juillet 2014, la loi Hamon est allée plus loin en proposant aux emprunteurs de changer de contrat d’assurance de prêt dans l’année suivant sa souscription. Enfin, aujourd’hui, l’amendement Bourquin de la loi Sapin 2 offre la possibilité de résilier tous les ans son assurance emprunteur à date anniversaire du contrat et non plus seulement à l’issue de la première année. Cela vaut pour l’ensemble des assurés, y compris ceux ayant souscrit leur contrat antérieurement au 22 février 2017, date à laquelle la loi a été entérinée.

Quel impact en termes de marché peut-on attendre après la décision du Conseil constitutionnel ?

La délégation d’assurance est encore peu connue et peu pratiquée, tout comme cette possibilité de résiliation annuelle qui s’ouvre désormais en 2018. Selon la Fédération française de l’assurance, la part des cotisations versées en 2016 en dehors de la banque émettrice du prêt immobilier était de 15,5%. En revanche, selon une étude de la société Réassurez-moi parue en septembre 2017, parmi les Français informés de ce changement de législation, 65 % sont prêts à « challenger » leur fournisseur en comparant les assurances emprunteurs du marché et 90 % seraient prêts à changer d’assurance s’ils peuvent réaliser des économies supérieures à 3.000 euros.

Quel intérêt les emprunteurs peuvent-ils y trouver ?

L’assurance de prêt peut représenter jusqu’à 40 % du coût global d’un prêt immobilier. Par exemple, pour une femme de 38 ans qui emprunte 180.000 euros sur 20 ans, le taux moyen proposé par les banques est de 0,38 % (1). Le coût de son assurance s’élève à 13.680 euros, soit 57 euros/mois. Or, à dossier comparable, notre offre ramènerait le coût de son assurance à 7.987 euros, soit 33 euros/mois. D’où une économie de 5.692 euros au total, soit 42 % !

Comment expliquer de tels écarts en matière de compétitivité ?

Basée sur la mutualisation, l’approche des banques permet d’appliquer un tarif global qui, s’il satisfera un grand nombre d’emprunteurs, va mécaniquement en pénaliser d’autres. Je pense notamment à de jeunes accédants. Ce sont ces personnes qui nous intéressent et à qui nous allons proposer une tarification nettement plus attractive, car établie en tenant compte d’autres éléments tels que leur comportement (fumeur ou non-fumeur par exemple).

Quelles réactions attendre des banques ?

Compte tenu de la législation en place concernant l’assurance emprunteur, les banques sont déjà rompues au jeu de la transparence et de la concurrence. Et ce d’autant qu’elles sont attaquées sur tous les fronts, avec la présence ou l’arrivée d’acteurs importants issus du monde de la grande distribution, de l’énergie, des fintechs, ou de concurrents tels que nous. De fait, après la décision du Conseil constitutionnel, on peut envisager deux réactions de leur part : l’une qui les conduirait à se doter d’une seconde offre pour ses « meilleurs » clients en termes de risques, l’autre qui consisterait à augmenter leur tarification pour pallier la perte de leurs bons clients.

Les équilibres du marché peuvent-ils en être modifiés ?

L’assurance emprunteur représente 6,5 milliards d’euros, dont un milliard seulement n’est pas capté par les banques. Même si la production des assureurs alternatifs peut augmenter de quelques centaines de millions, nous ne bouleversons pas à court terme l’équilibre en place.

(1) Prix basé sur une moyenne des taux proposés par les banques sur ce profil d’emprunteur. Source : Magnolia.fr