
L’OCDE plaide pour des retraites qui prennent en compte l’espérance de vie

La nouvelle édition du panorama des pensions porte les marques la crise sanitaire. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) vient de publier son neuvième rapport sur l’état des pensions de ses pays membres, et y note que dans la majorité des pays, les retraités ont été épargnés par les répercussions économiques de la crise du fait que les pensions servies ont été généralement préservées. Ce qui n’est pas le cas pour les régimes de retraite, mis quant à eux à rude épreuve par la diminution des cotisations perçues.
La récession économique s’est traduite par une forte dégradation conjoncturelle du solde financier des retraites, atténuée légèrement par les économies engendrées par l’excès de mortalité des personnes âgées : le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans a diminué d’environ 0,8% dans l’OCDE. En France, le déficit a été financé par les fonds de réserve et une reprise supplémentaire de dette par la CADES dont la durée de vie a une nouvelle fois été prolongée, désormais jusqu’en 2033.
Hervé Boulhol, économiste principal, retraites et vieillissement démographique au sein de la direction de l'emploi, du marché du travail et des affaires sociales de l’OCDE, estime que « le défi reste, au-delà de cette crise, de revenir de revenir sur les problématiques de moyen et long terme liées au vieillissement démographique ». Pour lui, le recul sur la réforme des retraites en France est une conséquence collatérale de la pandémie de Covid mais les inégalités de traitements entre les différents régimes perdurent.
La France, un cas à part
En se référant aux 25 meilleures années pour calculer les pensions dans le secteur privé (et aux 6 derniers mois dans le secteur public), la France fait partie des sept pays de l’OCDE qui ne prennent pas en compte l’ensemble de la carrière, ce qui induit des effets anti-redistributifs. Parmi les mesures décidées récemment, en octobre 2021, figure l’indexation de la valeur du point à l’Agirc-Arrco de 0,5 point inférieure à la règle calée sur l’évolution des prix hors tabac, décidée afin d’améliorer la situation financière du régime.
L’économiste pointe qu’en France, il est impossible de lier par exemple des bandes d’âge à l’espérance de vie en l’absence de réforme, alors que ce type de mécanisme d’ajustement automatique est considéré comme crucial par l’OCDE pour s’adapter au vieillissement. « En France, l’opacité financière liée à la fragmentation rend impossible la mise en œuvre de règles d’équilibrage automatique du financement du système », précise le rapport.
L’Organisation soutient donc la généralisation de ces mécanismes d’ajustement automatiques qui modifient automatiquement les paramètres des retraites ou le niveau des pensions en fonction de l’évolution d’un indicateur : « ces mécanismes peuvent être conçus pour produire des changements moins erratiques, plus transparents et plus équitables entre les générations. Ils réduisent également le coût politique du maintien de la viabilité financière. » A suivre pour la prochaine tentative de réforme.