
« Les perdants en santé risquent d’être les salariés modestes »

L'Agefi Actifs. - Beaucoup s’interrogent sur les indécences de l’ANI et de la réforme des contrats responsables sur les tarifications des garanties. Quelle est votre vision en tant que réassureur ?
Claude Vercasson. - Schématiquement et très simplement, la réforme des contrats responsables couplée à celle de la généralisation de la complémentaire santé issue de la loi de Sécurisation de l’emploi pourra entraîner soit des hausses de tarifs, pour les contrats dont les garanties ne sont pas assez élevées par rapport à celles du panier de soins minimum, soit des baisses de tarifs avec une réduction des garanties lorsque le contrat en cours offre des garanties supérieures au plafond du contrat responsable.
Les perdants risquent d’être les salariés modestes dont le niveau de garantie est faible. Il y a beaucoup de petits contrats qui se contentent du ticket modérateur pour l’hospitalisation et de niveaux peu élevés en optique avec des forfaits annuels inférieurs à 100 euros.
Pour ces contrats, et notamment à cause de l’optique, les garanties vont devoir être augmentées pour arriver à la hauteur du panier de soins - notamment les forfaits optique minimum de 50 euros pour des verres simples, et jusqu’à 200 euros pour des verres complexes - avec le risque de changer les comportements et d’amener les assurés à avoir une attitude plus consommatrice que par le passé. Cet impact anti sélectif pourra conduire aussi à une hausse de tarifs.
Quelles sont les attitudes des assureurs et des entreprises ?
- Nous n’avons pas l’impression que la Place est encore parfaitement prête. Il a fort à parier que de nombreux contrats basculeront dans la catégorie des contrats non responsables, les entreprises, comme les salariés, notamment les cadres, préférant s’acquitter d’un supplément de taxe de 7 % pour bénéficier de garanties solides. Au-delà, il y aura des négociations dans les entreprises. Tous les grands groupes proposent des mutuelles qui vont au-delà des couvertures responsables et il n’est pas sûr que leurs salariés acceptent facilement de les voir baisser. Des cycles de négociations vont avoir lieu et les employeurs qui veulent s’en tenir au contrat responsables seront peut-être obligés de compenser par d’autres avantages en nature pour permettre à leurs salariés d’accéder à des surcomplémentaires. Rien n’est donc acquis pour les contrats de milieu gamme.