Innovation Prévoyance

Aide aux aidants : le Canada invente l’assurance compassion

Jean-Luc Gambey
Ce produit collectif couvre la perte de revenu d’un collaborateur qui doit cesser de travailler pour s’occuper d’un proche. Une piste afin d'apporter une réponse au défi de la dépendance tout en tenant compte des contraintes des entreprises

L’aidant familial, en activité professionnelle, mène une triple vie : vie privée, vie professionnelle et vie consacrée à aider une personne en perte d’autonomie !

Le temps et l’énergie consacrés à la personne aidée peuvent parfois mettre « l’aidant » lui-même en situation d’épuisement physique, voire de détresse psychologique.

Une  urgence au regard des effectifs croissants des aidants. Il y a Urgence pour aujourd’hui et pour demain.  Urgence pour aujourd'hui, puisque que les aidants représentent actuellement près d'un 1 actif sur 12 (1). Mais urgence surtout pour demain, car à un horizon de 15 ans, on évoque environ 1 actif sur 6, voire sur 5 (2). Si rien n'est réalisé, cette situation touchera près de 20 % des effectifs salariés et ne sera évidemment pas sans conséquence sur la santé économique de nombreuses entreprises et sur les salariés aidants tiraillés entre le souci constant de celui dont il a la charge et sa propre situation professionnelle : l'aidant étant également soumis à une pression de disponibilité et d’efficacité de la part des entreprises.

S’inspirer de l’assurance compassion. Les dispositifs de soutien aux aidants, se multiplient, mais ne pourrait-on pas s’inspirer de l’assurance compassion, produit d’assurance collectif distribuée au Canada, qui permet de compenser la perte de revenu des collaborateurs qui doivent cesser de travailler pour prendre soin d’un proche gravement malade. Cette nouvelle assurance permet également aux assurés salariés, de morceler les périodes d’aide financière, leur offrant ainsi une grande flexibilité. De cette façon, ils peuvent être entièrement dédiés à leurs proches, leur évitant de mettre en péril leur propre santé physique et financière, et ainsi être au travail dans de « meilleures conditions ».

Une réconciliation entre l’économie te le social. Ce type d’offre prévoyance, qui pourrait reposer sur un « risque », celui d’être confronté à la situation d’aidant familial, permettrait des bénéfices multiples : Pour l’aidé, pour l’aidant et sa propre « gestion » de cette situation, mais aussi pour l’entreprise, pour qui il est désormais essentiel d’offrir des solutions en matière d’accompagnement de ses salariés en situation d’aidant.

Plus qu'un avantage social innovant, répondant réellement aux besoins de la société actuelle, tant pour l'employeur que pour le salarié, ce type d’offre prévoyance pourrait être vécu comme un signe de modernité conciliant engagement professionnel et soutien familial et comme une forme de « réconciliation » entre l'économie et le social !

[1] Panel National des Aidants Familiaux - BVA/Fondation Novartis – 2010

[2] DREES – 2010