
Les fonds « evergreen » font des adeptes
Maxime Defasy, directeur des investissements d’Althos
Apparus dès le début des années 2000, les fonds evergreen (que l’on peut traduire par « perpétuels ») connaissent un succès remarqué depuis 2018 lorsque des acteurs majeurs du marché français les ont intégrés à leur offre. Ils couvrent les quatre grands segments du non-coté : le capital-investissement, la dette privée, l’immobilier et les infrastructures. Leur différence fondamentale avec les fonds traditionnels est qu’ils n’ont pas de durée de vie limitée et peuvent se prolonger tant que les investisseurs y trouvent de l’intérêt. Aujourd’hui, ils enregistrent des niveaux de collecte spectaculaires toutes stratégies confondues.
Plus flexibles, plus liquides
Alors que les fonds traditionnels de private equity sont moins flexibles pour l’investisseur, avec un risque de réinvestissement et de sous-performance lors des redistributions, les fonds evergreen sont immédiatement exposés aux actifs non cotés. Cela permet notamment à l’investisseur de déployer immédiatement son capital et de maintenir une allocation stable en private equity.
En matière de liquidité, les fonds evergeen sont également avantageux : les investisseurs peuvent revendre leurs parts avec une grande liberté, disposant de fenêtres de liquidité trimestrielles, voire mensuelles. Toutefois, les rachats trimestriels sont le plus souvent limités à 5 % de l’encours du fonds. De même, certains fonds encouragent la conservation des parts en facturant des pénalités de sortie avant la première ou la cinquième année. La souplesse offerte par les fonds evergreen permet à l’investisseur d’investir à tout moment, mais également d’en sortir plus facilement.
Une allocation diversifiée
En se positionnant sur un fonds evergreen, l’investisseur a connaissance des actifs sous-jacents, contrairement à un fonds fermé pour lequel la plupart des sous-jacents seront sélectionnés après la période de levée. Cette particularité offre une visibilité d’autant plus nette grâce aux reportings mensuels et trimestriels permettant de suivre la performance du fonds.
En outre, il est fréquent que les fonds evergreen soient plus diversifiés que les fonds primaires fermés : le capital est déjà déployé et les gérants peuvent multiplier les stratégies. Un fonds evergreen peut atteindre plusieurs centaines d’entreprises sous-jacentes alors que les fonds traditionnels en ont beaucoup moins en raison des contraintes d’orientation du capital. Le gestionnaire peut aussi réaliser des arbitrages selon les opportunités. Ainsi, il peut réallouer le capital vers des zones et secteurs attractifs qui affichent un rapport risque/rendement plus opportun. Cette souplesse permet d’améliorer significativement la performance globale d’un fonds evergreen.
Un investissement durable
En poursuivant une stratégie d’investissement de long terme, les gestionnaires cherchent à développer les actifs en portefeuille sur la durée. Ce positionnement s’accorde mieux avec la notion d’investissement durable et à l’intégration des critères ESG (environnement, social, gouvernance).
Enfin, les frais de gestion appliqués aux fonds evergreen pendant la période d’investissement sont calculés sur la valeur liquidative du fonds, et non pas sur les montants engagés comme c’est le cas pour les fonds traditionnels.
Plus grande diversification des sociétés en portefeuille, véhicule plus flexible et plus liquide, meilleure intégration des critères ESG, frais de gestion réduits : les fonds evergreen cumulent en définitive de nombreux avantages pour satisfaire les investisseurs privés.