
Les SCPI pas épargnées par les arnaques
Sur son site internet officiel, l’Autorité des marchés financiers (AMF) n’y va pas par quatre chemins pour mettre en garde les épargnants contre les trop fréquentes arnaques aux placements financiers : « De plus en plus d’épargnants sont séduits par des propositions sur des sites internet, des publicités ou encore lors d’appels téléphoniques de soi-disant « conseillers », qui proposent des placements sans risque aux rendements annuels très élevés de 8 % voire 10%… Ces propositions sont la plupart du temps des escroqueries ». Malheureusement, malgré ces mises en garde régulières des autorités financières, de nombreux épargnants continuent de tomber dans les pièges toujours plus sophistiqués tendus par les escrocs financiers : pyramides de Ponzi, placements atypiques, usurpations de noms et de logos d’entités financières connues, l’imagination de ces aigrefins est sans limites. Récemment, des épargnants français ont perdu des montants significatifs dans des placements en diamants, valeurs supposément « refuges ». Les sommes investies se sont volatilisées après avoir été virées sur des comptes bancaires en Tchéquie, en Pologne ou en Slovaquie. Un autre placement atypique a défrayé la chronique il y a quelques mois : l’investissement en vaches laitières ! Plusieurs dizaines d’épargnants se sont laissé endormir par un discours axé sur l’écologie, les valeurs de l’agriculture traditionnelle, et bien sûr la perspective d’un rendement très alléchant, de l’ordre de 6 %.
Faux noms et fausses SCPI. La promesse de rendements mirifiques est en général au cœur de ces arnaques, en particulier dans les circonstances actuelles où les taux d’intérêt des placements financiers sont quasiment nuls. Seuls les placements immobiliers semblent pour le moment résister à cette baisse importante et généralisée des rentabilités : en particulier, les SCPI investies dans l’immobilier de bureaux, de commerces ou de logistique, qui continuent à servir des rendements supérieurs à 4 %. Ce segment d’épargne est ainsi devenu depuis quelques mois la cible des escrocs financiers, leurs fausses promesses de rendements mirifiques pouvant plus facilement tromper les épargnants. En effet, promettre du 8 % « garanti » sur un placement en SCPI, dont certaines ont réellement servi plus de 7 % aux associés en 2018, semble de prime abord moins aberrant qu’une proposition de livret avec une rémunération 10 fois supérieure au livret A. Et pourtant, dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une arnaque ! Un exemple récent : une officine située semble-t-il à Londres mais affichant un numéro de téléphone français (!), se faisant passer pour une société de gestion immobilière britannique existant réellement et elle-même domiciliée à Londres, démarcherait des épargnants français avec de faux formulaires de souscription de parts de SCPI grossièrement copiés sur des documents officiels de sociétés de gestion de SCPI agréées. Les prétendus gérants semblent même avoir imaginé de faux noms pour les fausses SCPI qu’ils proposent, peut-être dans l’idée de surfer sur la mode actuelle pour les SCPI investies en Allemagne...
Investissement « garanti par contrat à 100 % ». Au début de l’année, c’est une autre « société » basée au Portugal et ne disposant d’aucun agrément pour démarcher les épargnants français, qui proposait des SCPI via internet sans l’autorisation de l’AMF. L’autorité s’était fendue d’une mise en garde explicite en mars 2019 : « La société (…) ne dispose d’aucun des statuts légaux l’autorisant à proposer aux investisseurs sur le territoire français de souscrire des parts de SCPI ». Le gendarme boursier recommandait alors aux épargnants de repousser les « sollicitations des personnes se réclamant de cette société », et leur demandait « de ne pas les relayer ». Comme souvent dans ce type d’arnaques, la société en question proposait des rendements mirobolants soi-disant sans prise de risque, puisqu’elle promettait « la meilleure SCPI du marché en 2018 avec un taux de rendement de 7,55 % net par an » et un investissement « garanti par contrat à 100 % ». Deux éléments qui auraient dû alerter les épargnants puisque le seuil de 7 % de rendement est très rarement atteint dans l’univers des SCPI (seules deux SCPI sur plus de 80 au total ont eu un rendement supérieur à 7% en 2018, et aucune en 2017) et qu’il est impossible de garantir le capital investi sur ce type de placement…