La hausse du livret A ne doit pas freiner l’investissement particulier

Par Emmanuel Sackmann, directeur régional francophone chez eToro
Alors que le CAC 40 a signé une année exceptionnelle en 2021, les marchés financiers constituent aujourd’hui une alternative crédible aux comptes d’épargne face à l’inflation.

Le 1er février prochain, la rémunération du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) passera de 0,50% à 1%.

Bonne nouvelle pour l’épargne des Français ? Pas vraiment. Eux qui ont accumulé un important matelas d’économies pendant la pandémie - environ 157 milliards d’euros de surplus d’épargne entre mars 2020 et juin 2021, selon la Banque de France - peuvent même être inquiets : cette décision sera loin d’être suffisante pour protéger leur capital du regain d’inflation (2,8% sur un an fin 2021).

Véritable poison pour l’épargne, l’inflation dégrade les rendements de ces placements pas ou peu rémunérateurs, qui sont aujourd’hui négatifs. Ceux qui ont placé leurs économies sur ces comptes d'épargne finissent par voir leur argent et donc leur pouvoir d’achat diminuer.

Les Français commencent d’ailleurs à comprendre et à agir en conséquence : longtemps plébiscité, le Livret A a subi en octobre dernier sa plus forte décollecte depuis sept ans. La période de surépargne apparue depuis la crise sanitaire, comme le comportement d’épargne des Français, est en train de se normaliser.

Des alternatives pour protéger son épargne de l’inflation

Mais alors, quelle alternative face à l’inflation dans ce contexte ? La solution existe, ne tient pas du miracle, et se suffit à un seul mot magique : diversification. Le contexte macroéconomique actuel est certes difficile, mais les alternatives aux comptes d’épargne pour faire fructifier son capital sont nombreuses : assurance-vie, immobilier, SCPI, actions, obligations, matières premières… Orienter ses placements de manière stratégique sur des supports plus rémunérateurs est une pratique permettant d’espérer du rendement. Pour cela, les marchés boursiers représentent une opportunité de plus en plus attractive. Attention, il faut cependant adopter une stratégie d’investissement responsable en ayant conscience du facteur risque.

L’accélération de la digitalisation, mais aussi les conditions uniques présentées par les marchés boursiers en 2021 (environnement de taux d'intérêt bas ou nuls), ont favorisé l’essor de l’investissement particulier en France, dans un pays pourtant doté d’une importante culture de l’épargne. La crise sanitaire que nous avons traversée a mené à une accélération de nos usages de la technologie, dont les nouveaux acteurs financiers, qui participent activement à la démocratisation des marchés financiers.

Après les 410 000 nouveaux actionnaires recensés en 2020 par l’AMF, ce sont plus de 165.000 néo-boursiers qui ont tenté l’expérience lors des trois premiers trimestres de 2021. Un véritable engouement.

Une année 2021 exceptionnelle pour le CAC 40

Et ces néo-boursiers n’ont certainement pas été déçus à leur arrivée sur les marchés. 2021 restera celle d’une performance boursière de +29% pour le CAC 40, inégalée depuis vingt-deux ans et une année 1999 qui avait flambé de +51%, marquant le début de la bulle internet. Après le krach boursier en mars 2020 et un repli de -7% sur l’ensemble de cette année, la crise a été surmontée en 2021. Et cette hausse de l’indice CAC 40 est loin d’être infondée : la vaccination a permis d’éviter des reconfinements drastiques et de préserver l’activité économique, les entreprises ont réussi à s’adapter au fort rebond de l’économie. Cette résilience a malgré tout une contrepartie : des ruptures de chaînes d’approvisionnement, la flambée des matières premières et l’envolée des coûts de transport et de main-d’œuvre.

Lorsque l’on observe les performances des secteurs de luxe ou de la finance en 2021, le constat est clair : l'investissement particulier en France est parti pour durer. Hermès (+74%), LVMH (+42%), L’Oréal (+34 %) et Kering (+18%) ont surperformé. Ces entreprises ont engendré des croissances de chiffres d’affaires et de bénéfices à deux chiffres, obtenant ainsi la faveur des investisseurs. Du côté financier, Société Générale a été la plus forte hausse du CAC 40 avec une progression de plus de 77%, après une chute de 45% en 2020. BNP Paribas n’a pas été en reste puisque la première banque européenne a progressé de 42% et AXA dans l’assurance de 34%. Tous ces acteurs ont pu atteindre ces performances grâce aux aides publiques massives qui ont empêché les risques de défauts d’emprunteurs, entreprises et particuliers, mais aussi grâce à leur capacité de résilience, et de gestion des coûts grâce à la numérisation. Pour illustrer cela, Société Générale a ainsi engagé la fusion de ses réseaux de banque de détail en France.

2022 semble s’inscrire dans cette continuité. Elle a démarré sur les chapeaux de roues avec trois nouveaux plus hauts historiques pour le CAC 40, le secteur bancaire tirant à nouveau l’indice français vers le haut dans le sillage de la hausse de taux généralisée. Bien sûr, il faudra être vigilant quant au retour de la volatilité, pouvant amener des corrections sur certaines valorisations, ainsi qu’à cette période d’inflation incertaine. Mais aujourd’hui, les Français ont la possibilité de reprendre le contrôle de leur fonds et se protéger face à cette dernière. Cela passera avant tout par la diversification.