Les portefeuilles types

Vega IM

D’une semaine sur l’autre, de grands intervenants de la Place révèlent leur politique d’investissement par classes d’actifs et zones géographiques
Un rendez-vous pendant six mois avec trois partenaires choisis par la rédaction de L’Agefi Actifs afin de décrypter leurs allocations

Jusqu’à présent, les investisseurs ont été très prudents en raison des nombreuses incertitudes qui demeurent : poursuite de la guerre commerciale entre les deux principales puissances économiques et politiques, inquiétudes autour de l’Italie, activité industrielle en Allemagne toujours aussi médiocre, probabilité d’un Brexit sans accord, etc.

Inversion de la courbe des taux : un signal avancé de récession qui ne fonctionne plus. Notre stratégie repose sur l’idée que la tendance haussière des marchés n’a pas été, pour autant, remise en cause par l’ensemble de ces évènements, au premier rang desquels, bien entendu, l’attitude du président américain Donald Trump. Elle se fonde notamment sur notre croyance que le signal d’inversion de la courbe des taux est aujourd’hui d’une validité très contestable pour anticiper une récession : une inversion de courbe des taux survient généralement après une hausse rapide des taux courts, initiée par une banque centrale afin de ralentir une croissance excessive et éviter ainsi un phénomène de surchauffe. Les taux longs montent alors, mais à un rythme moindre, créant une inversion de la courbe, qui entraine un renchérissement des conditions de crédit pour les entreprises et ménages. Or, les conditions monétaires restent actuellement très favorables en termes de taux et d’accès à la liquidité.

Les taux sont dans une situation totalement inédite : forte baisse des taux courts, interventionnisme en direct sur la partie longue de la courbe au travers des mesures de quantitative easing, achats par la Fed de titres publics, taux longs négatifs dans beaucoup de pays - avec par exemple une courbe des taux totalement négative jusqu’au 30 ans en Allemagne. Partant du constat que tous ces critères ont été impactés, le schéma habituel d’interprétation de la courbe des taux s’en retrouve totalement modifié.

La médiatisation même de ce signal sur la courbe des taux a totalement modifié le rôle de chacun. La Fed pourra réagir en abaissant ses taux courts de manière plus prononcée pour annihiler ce signal négatif. En anticipant une telle action, les investisseurs ont poussé les prévisions de baisse des taux au-delà du niveau que les économistes jugent adéquat avec le niveau d’activité réel. Enfin, les autres signaux traditionnels qui surviennent concomitamment à cette inversion de courbe lors d’une récession restent actuellement absents ou faibles pour l’essentiel.  Ainsi, nous n’observons ni dégradation du marché de l’emploi américain, ni chute de la profitabilité des entreprises ou encore une augmentation des primes de risque des obligations d’entreprise. La question est désormais de savoir si une erreur de pilotage dans le conflit sino-américain pourrait constituer un choc exogène de nature à transformer un scénario de simple ralentissement économique en récession. 

Haut niveau de liquidité et perspectives de relance budgétaire en soutien des marchés actions. En termes d’allocation d’actifs, les investisseurs se tiennent encore à distance des marchés actions, inquiets du risque de dérapage induit par la poursuite de la guerre commerciale sino-américaine. Si le sujet restait au cœur des débats internationaux pendant de nombreux mois encore, si ce n’est des années (la Chine ne fera pas de cadeau au Président américain en pleine campagne de réélection), il suffirait que les « frères ennemis » lâchent un peu de lest pour redonner de l’élan aux marchés financiers. Dans ce contexte, nous surveillons de près les indicateurs, tels que les moyennes mobiles 200 jours, susceptibles d’intervenir en supports techniques auquel cas nous pourrions repasser surexposés en actions dans nos portefeuilles. En effet, plusieurs éléments sont de nature à soutenir les marchés financiers à l’instar du taux élevé de liquidité dans les portefeuilles et des politiques monétaires durablement accommodantes, dont l’action pourrait être prochainement renforcée par de nouvelles mesures de soutien budgétaire.

Principaux points forts 

- Un niveau élevé de liquidité dans les portefeuilles

- Le biais accommodant adopté par la majorité des banques centrales

- Un débat autour de la possibilité de nouvelles mesures de relance budgétaire 

Principaux points faibles

- Le climat d’incertitude créé par les revirements incessants de Donald Trump notamment en matière de taxation des importations

- Le conflit sino-américain en tant que choc exogène de nature à amplifier le caractère auto-réalisateur d’une récession économique

- L’issue incertaine des négociations sur le Brexit 

 

Classe d'actifs       
Actions Européennes    =
Actions Américaines        -
Actions Japon        +
Actions Asie         =
Actions Marchés émergents    +
Obligations européennes     -
Obligations internationales  -    
Monétaire / Liquidités    -