
Un rebond réel mais qui reste à confirmer

Il y a un an déjà, les premiers signes d’une amélioration de l’économie française se faisaient sentir. Aujourd’hui, cette accélération s’est concrétisée. Alors que les économistes attendaient une hausse du PIB plutôt aux alentours de 1,8% en 2017, les derniers chiffres de l’Insee indiquent que ce chiffre est en réalité de 2%, supérieur aux attentes, même les plus optimistes. Cela est par ailleurs à comparer à l’année 2016, où la France avait tout juste atteint 1,2% de croissance, contre 1,8% pour la zone euro pendant la même période.
Coup de fouet. Au quatrième trimestre 2017, le PIB a ainsi affiché une hausse de 0,7%, soit un rythme annualisé proche de 3%. Même si la consommation des ménages a ralenti dans les trois derniers mois de l’année, en ne progressant que de 0,2% contre une hausse de 0,5% au trimestre précédent, le pays a connu, pendant cette période, à la fois une accélération des exportations (+2,5%, contre +1% au troisième trimestre) et un ralentissement des importations (+0,3% après +2,2% au troisième trimestre). Et si, sur la totalité de l’année 2017, le déficit commercial des biens et services de la France s’est accentué, à 38,3 milliards d’euros, contre 26,8 milliards d’euros en 2016 (les douanes constatant, de leur côté, pour les seuls biens, un déficit de 62,3 milliards d’euros, contre 48,3 milliards en 2016), l’Insee relève tout de même une dynamique positive à la fin de l’année dernière. «Au total, le solde extérieur contribue fortement à la croissance du PIB au quatrième trimestre : +0,7 point après - 0,4 point», commente l’organisme.
Perspectives encourageantes. Pour 2018, les économistes tablent souvent sur une croissance française égale à celle observée en 2017. L’OCDE attend ainsi 2% de croissance pour l’année en cours tandis que le consensus des économistes se situe à 2,1%. Le gouvernement, de son côté, dans son programme de stabilité présenté en Conseil des ministres le 11 avril dernier, table, comme l’OCDE, sur un chiffre de 2% pour 2018. Le Haut Conseil des finances publiques a rendu son avis deux jours plus tard sur ces anticipations, considérant que «les enchaînements décrits dans le scénario macroéconomique du programme de stabilité pour la France sont plausibles, tout comme les prévisions d’emploi, de masse salariale et d’inflation». L’organisme estime donc que «la prévision de croissance du gouvernement de 2% est réaliste». Des anticipations en phase avec celles du Fonds monétaire international (FMI), qui a revu fin avril à la hausse ses perspectives de croissance pour la France en 2018 et 2019, respectivement à 2,1% et 2% (en hausse de 0,2 et 0,1 point par rapport aux dernières prévisions, en janvier).
Dynamique mondiale. Ces prévisions sont d’autant plus enclines à se réaliser que le monde affiche une dynamique économique toujours robuste. L’économie américaine ne fléchit pas et, après une croissance du PIB américain de 2,3% en 2017, certains économistes attendent aujourd’hui une croissance pour 2018 proche de 3%. À court terme, les réformes fiscales adoptées par le gouvernement américain pourraient, selon certains professionnels, ajouter entre 0,3 et 0,5 point à la croissance américaine en 2018 et en 2019, même si les effets à long terme de ces décisions sont très controversés. L’Europe, de son côté, après une hausse de son activité de 2,5% en moyenne en 2017, est encore attendue en croissance pour 2018, dans les mêmes proportions. Comme l’année dernière, les émergents aussi maintiennent le cap en ce début d’année, avec une croissance attendue de 4,9% pour 2018, selon le FMI.
Risques. Les voyants sont donc globalement au vert pour l’économie française, grâce à sa dynamique propre et aussi grâce au cycle mondial. Cependant, plusieurs indicateurs sont aujourd’hui sous surveillance. Le climat des affaires et la confiance des ménages ont ainsi marqué un repli au mois de février. Pour la macroéconomie comme sur les marchés, le temps où gérants et économistes vantaient à la moindre occasion «l’alignement des étoiles» est peut-être derrière nous.