
Sous l’effet de la crise, les Européens épargnent de moins en moins

Contrairement aux idées reçues, les Français épargnent de moins en moins. Avant la crise, ils mettaient de côté 2.010 euros chaque année (par habitant). Cet effort a un peu diminué au cœur de la crise (2008-2011), comme le souligne une étude d’Allianz publiée ce lundi. Mais depuis 2012, ce montant s’est effondré, tombant à 1.190 euros par an. Cette tendance est propre à tous les principaux pays européens, Allemagne exceptée. Outre-Rhin, les montants épargnés sont au contraire passés de 1.570 euros par habitant avant la crise, à 2.080 euros depuis.
Générale, cette baisse du flux annuel de placements n’est pas motivée partout par les mêmes facteurs. Dans une première catégorie de pays, elle a eu lieu simplement sous l’effet d’une chute du niveau de vie. C’est le cas en Espagne, où les montants épargnés ont été divisés par huit. Même tendance au Portugal et en Italie. Les salariés ayant perdu leur job n’ont plus les moyens de mettre quoi que ce soit de côté, et les salaires ont été comprimés.
Dans d’autres pays, le pouvoir d’achat a beaucoup moins reculé, mais l’effort d’épargne a tout de même baissé. Cela a pu avoir lieu pour deux raisons, selon Ludovic Subran, chef économiste adjoint du groupe Allianz : « Les Finlandais ont fortement réduit leur épargne, parce qu’ils en ont moins besoin, bénéficiant de rendements élevés. Les Français, eux, diminuent les sommes annuelles mises de côté, en raison de leur très faible rentabilité, faute de placements adéquats.»
Si les rendements des placements financiers ont chuté pendant la crise (2008-2011), ils se sont fortement accrus depuis en Finlande et aux Pays-Bas. Ils atteignent en moyenne 6,6% après inflation en Finlande, selon les calculs d’Allianz pour la période 2012-2016. En revanche, en France, ils sont limités à 3,8%, ce qui reste tout de même supérieur au niveau constaté en Allemagne (2,4%). La structure du portefeuille des particuliers explique ces écarts. Les Allemands conservent leurs avoirs sous forme de cash ou comptes très peu rémunérés, à hauteur de 44% de leurs avoirs. En France, cette proportion est importante, mais tout de même sensiblement inférieure (38%). Et l’assurance vie, qui représente 37% des avoirs financiers des Français – de loin, le record européen – a offert jusqu’à une période récente une rentabilité intéressante. Pour Ludovic Subran, les Français devraient diversifier leurs placements, plutôt que de se plaindre d’une trop faible rentabilité.