Maxime Charbonnel, principal en charge des services financiers, Roland Berger

Si l'activité apparaît indispensable à la pérennité du modèle de la banque, il faut le mettre en place en interne

L’Agefi Actifs. - Sous quelles conditions certains services de banque privée peuvent-ils être confiés à un prestataire extérieur ?

Maxime Charbonnel . - La première question à se poser est celle du caractère stratégique que revêt l’activité. Si elle apparaît indispensable à la pérennité du modèle de la banque, il faut le mettre en place en interne, de même que si elle apporte un réel avantage concurrentiel. S’il n’est pas crucial, le service peut être externalisé sous condition d’être disponible sur le marché à peu de risque. Cela suppose de s’interroger sur la fiabilité et la stabilité du prestataire ainsi que sur l’impact de l’externalisation sur la qualité du service perçue par le client. Le sort du partenaire connu, s’ensuivent évidemment les réflexions sur l’intérêt économique à sous-traiter.

Quels types de fonctions retrouve-t-on le plus souvent en interne ?

- Il y a peu d’activités véritablement cruciales. Une fois que la banque privée dispose d’un catalogue de produits de placements suffisamment diversifiés pour répondre au maximum aux besoins des clients, on pourrait donc imaginer qu’elle externalise le reste. Ce n’est pas le cas. En réalité, les fonctions opérationnelles telles que le back-office sont rarement sous-traitées. D’un côté, les gestions privées des banques universelles profitent de la taille du groupe pour mutualiser les activités. De l’autre, les banques de plus petite taille ne souhaitent pas, pour beaucoup d’entre elles, prendre le risque de pénaliser la qualité de service en externalisant ce type de prestations.

Economiquement ce n’est pas un bon calcul, mais c’est une surprime qu’elles sont prêtes à payer pour se couvrir contre un éventuel risque opérationnel susceptible de ternir leur image. La gestion d’actifs est, elle aussi, rarement déléguée à l’extérieur. Elle est assurée par la banque elle-même ou par la filiale spécialisée du groupe. Une banque privée peut difficilement se passer de fonds maison. D’une part, l’activité est très rentable et, d’autre part, confier à un tiers la gestion d’un mandat, c’est accepter de n’avoir aucun contrôle.

A contrario, quelles sont celles qui sont davantage candidates à l’externalisation ?

- La recherche actions ou la conservation font partie des prétendantes à l’externalisation. Concernant les activités de conseil, dès que l’on dépasse le conseil en investissement, le niveau de sous-traitance est supérieur. Les petites banques n’ont pas la taille critique pour justifier la présence en interne d’équipes très spécialisées sur l’art ou en immobilier. Les plus grandes qui proposent des services très spécifiques, tels que des packages internationaux lorsque des clients partent vivre à l’étranger (aides aux formalités administratives, informations sanitaires, assistance à l’ouverture de comptes à distances), font appel

à des prestataires extérieurs.

En revanche, certaines développent une compétence particulière liée à la spécificité de leur clientèle comme c’est le cas de Neuflize OBC qui regroupe de nombreux clients attachés au secteur cinématographique : le service devient alors une activité stratégique majeure.