Natixis AM n’en a pas fini avec l’affaire des fonds à formule

L'Agefi Quotidien
L’UFC-Que Choisir a assigné la société de gestion juste avant l’annonce de sa nouvelle marque, Ostrum AM, qui acte son changement de stratégie et sa dépendance à Natixis IM.
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Avant de préparer l’avenir sous sa nouvelle marque Ostrum AM, dévoilée hier, Natixis Asset Management (NAM) est rattrapé par son passé. Sept mois après l’amende record de 35 millions d’euros infligée par l’Autorité des marchés financiers à NAM dans l’affaire des fonds à formule, l’UFC-Que Choisir a assigné lundi la société de gestion devant le tribunal de grande instance de Paris, via une action de groupe. Même si elle était attendue, «l’annonce du changement de nom juste après notre assignation est une coïncidence curieuse», estime Olga de Sousa, juriste à l’UFC-Que Choisir.

NAM juge l’action de l’association de consommateurs «totalement infondée car il n’y a eu aucun préjudice pour les clients qui ont toujours reçu leur formule, et nous n’avons jamais dépassé les frais de gestion légaux sur la période de vie de nos fonds», déclare à L’Agefi Matthieu Duncan, directeur général de la société de gestion. «Nous avons fait appel devant le conseil d’Etat de la décision de l’AMF et la procédure est en cours», rappelle-t-il.

A l’inverse, «nous estimons que les clients ont perdu individuellement jusqu’à plusieurs centaines d’euros en raison de dépassements des frais de gestion, explique Olga de Sousa. S’y ajoutent des frais indus prélevés en deçà du maximum de frais de gestion applicables». L’assignation regroupe une «bonne dizaine de plaignants» pour la plupart clients des Banques Populaires qui avaient souscrit, via une assurance vie par exemple, à un ou plusieurs des 133 fonds à formule incriminés. L’association a recensé une soixantaine de fonds concernés. Pour évaluer le préjudice total, elle espère avoir accès à l’ensemble des données de l’AMF dans le cadre de la procédure. L’UFC-Que Choisir est représentée par Me Hélène Feron-Poloni, tandis que NAM est défendu par Herbert Smith Freehills. L’association avait déjà lancé une première action de groupe dans le secteur financier en assignant BNP Paribas pour ses fonds garantis Jet 3. Elle a été déboutée en première instance et a interjeté appel.
La fin d'un modèle

Chez NAM, l’affaire des fonds à formule avait conduit il y a deux ans à un remaniement de la direction. Et à un revirement de stratégie. En devenant Ostrum AM le 3 avril prochain, la société acte son statut de premier «affilié» de Natixis Investment Managers (NIM, ex-NGAM) et enterre ses ambitions passées de paquebot autonome. «Nous avons choisi un nom qui nous permet d’éviter la confusion très fréquente entre NAM et NIM. Il permet aussi de nous inscrire comme un affilié à part entière et comme les autres, relève Matthieu Duncan. Avant mon arrivée il y a deux ans, NAM avait développé son propre modèle multi-affilié. C’était beaucoup trop complexe pour nos clients.» Après le transfert du pôle de gestion quantitative Seeyond en janvier, les autres filiales de NAM nées en interne (Mirova), fruit d’un rachat (Dorval) ou d’une incubation (H2O) ont donc vocation à remonter au niveau de NIM. «Il y a une bonne possibilité que cela se fasse dans le futur», confirme Matthieu Duncan.

NAM reste toutefois un animal à part parmi la vingtaine de filiales de gestion de NIM, situées surtout en Europe et aux Etats-Unis. La société gère 324,5 milliards d’euros, soit 39% des 830 milliards d’encours de NIM. Avec toutefois des marges plus faibles en raison du poids des réseaux de BPCE dans sa clientèle et de l’obligataire dans ses encours (74%). L’an dernier, NAM a accusé 2,6 milliards d’euros de sorties nettes sur ses fonds ouverts, dont 2,3 milliards en monétaire. Il ne communique pas sur sa collecte en mandats et fonds dédiés mais a perdu 23 milliards d’euros de CNP Assurances. Au total, ses encours ont fondu de 21 milliards en 2017.