Au cœur de nombreux débats de sociétés, la lutte contre le réchauffement climatique passera évidemment par la finance. Nombreux sont les fonds qui veulent surfer sur cette vague. Convictions véritables ou simple opportunisme ? Qu’importe, quand la cause est aussi urgente c’est surtout la fin qui compte et pas les motivations.

Parmi l’offre pléthorique qui se met en place, un petit nouveau vient de faire son apparition. Baptisé MC Leaders Durables, le fonds géré par Montaigne Capital, société de gestion créée en 2009 et qui compte 300 millions d’euros d’encours à l’heure actuelle, a pour objectif de « réconcilier performance financière et engagement pour le climat », précise Pierre Willot, gérant principal du fonds et président de Montaigne Capital. « Nous sommes convaincus que les problématiques liées au carbone vont très prochainement avoir un impact financier sensible sur les cours de bourse », poursuit le dirigeant.

Pour parvenir à cette « réconciliation », le fonds n’investit que sur les entreprises que l’équipe de gestion estime être des leaders de grande qualité, c’est-à-dire positionnées sur des secteurs porteurs et ayant un avantage concurrentiel. Les sociétés s'illustrent généralement par une marge opérationnelle supérieure à celle du MSCI World et un retour sur capitaux propres plus important que leurs concurrents. « Le niveau de valorisation de ces entreprises reflète un potentiel de croissance des bénéfices supérieurs à la moyenne du marché, tout en restant attractif pour les investisseurs », détaille Pierre Willot.

Le processus d’investissement passe également par une analyse poussée de la structure des cash-flow sur une durée longue (10 à 20 ans). L'équipe de gestion cherche notamment à déterminer la génération de free cash-flow par action et son potentiel futur : normalisation du bilan, réintégration de la rémunération en actions, OST, etc.

Réduction carbone et objectif 2°C. Enfin, le fonds ne vise que les sociétés qui ont « compris les enjeux du défi climatique et qui en bénéficieront économiquement », explique Pierre Willot. Pour cela, les entreprises doivent démontrer leur engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique à travers leurs émissions carbone, leurs innovations en termes de produits et de process, et leur communication.

« Nous sommes convaincus que les entreprises qui ont compris les enjeux du défi climatique sont celles qui créeront de la valeur sur le long terme », insiste le gérant.

Au-delà d’une réduction carbone maximale, le fonds vise à favoriser l’objectif de 2 degrés fixé par le GIEC. Les méthodologies de mesure de l’efficacité énergétique à travers la « température » d’un portefeuille étant nombreuses et leurs résultats potentiellement très différents, la société a fait le choix de s’adresser à des spécialistes externes. Montaigne Capital a ainsi sélectionné Carbon 4 Finance.

Un portefeuille réduit. Parmi les positions actuelles, on note des entreprises comme Adobe, qui a réduit de 50 % sa consommation en électricité depuis 2002, et a pour objectif d’être 100 % renouvelable d’ici 2035. On retrouve également Danone, qui mesure l’empreinte en CO2 de ses fournisseurs et vise la neutralité carbone en 2050.

Le portefeuille comprendra en moyenne entre 30 et 40 lignes (35 actuellement). Les entreprises des secteurs carbo-intensifs représentent environ 50 % du portefeuille. Les positions sont relativement équipondérées à moins de 3 %.

Montaigne Capital est signataire du CDP (Carbon Disclosure Projet) et incite les sociétés qu’elle détient en portefeuille à publier leurs données carbone et à les améliorer. Les entreprises refusant de publier leurs données via le CDP sont a priori exclues du fonds.

Le ticket d’entrée du fonds est de 500.000 euros et les frais de gestion annuels de 0,80 %. Des frais d’entrée de 2 % maximum (non acquis au fonds) sont facturés. L’indice de référence du fonds est le MSCI World Net EUR (couvert).