
Marie Quantier fait à nouveau polémique

Une annonce, deux plaintes et 100 clients. C’est en substance le nouveau volet de « l’affaire » Marie Quantier. Presque deux ans après avoir disparu, la fintech continue de faire parler d’elle. L’annonce avait de quoi passer inaperçu tant elle concerne peu de monde. Elle a pourtant provoqué l’ire d’un de ses protagonistes.
Patrimea reprend le contrat d’assurance vie Marie Quantier I
Mercredi 3 novembre, la plateforme Internet de gestion de patrimoine Patrimea a annoncé racheter le portefeuille clients du contrat d’assurance vie Marie Quantier I à Suravenir, qui en demeurera l’assureur. Les détenteurs conservent l’accès à leur espace client et seront accompagnés par les treize conseillers de Patrimea. Si les premiers mois seront consacrés à la reprise du service clients, la plateforme ne s’interdit pas de rouvrir le contrat à la commercialisation.
L’ampleur de la transaction est pour le moins restreinte. Selon deux sources concordantes, le portefeuille acquis par Patrimea contiendrait moins de 100 clients et moins d’un million d’euros d’encours. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué mais compte tenu du volume en question, il ne devrait pas crever le plafond. Selon nos informations, My Funds Office l’avait cédé à Suravenir fin 2020 pour environ 100.000 euros.
Patrimea a précisé qu’elle ne reprend pas la marque Marie Quantier. Elle continue d’appartenir à My Funds Office, qui l’a rachetée fin 2019. Une précision qui ne devrait pas calmer son propriétaire.
My Funds Office veut porter plainte contre Suravenir et Patrimea
Tout remonte à fin 2019. Malgré toute sa bonne énergie, Marie Quantier est obligée de fermer boutique, plombée par des pertes de 500.000 euros par an. La cessation d’activité se passe brutalement (les clients sont avertis avant même Suravenir, son assureur). Trois potentiels acquéreurs se pressent au tribunal de commerce pour mettre la main sur la fintech et son robo advisor. C’est finalement My Funds Office qui l’emporte pour une bouchée de pain. « Nous avons déboursé moins de 100.000 euros, alors que [Marie Quantier] avait été valorisée à 9 millions d’euros lors du dernier tour de table en février 2019, et à 2,5 millions d’euros par le tribunal de commerce », déclarait son patron Jérôme Glodas début 2020.
Très vite, le dirigeant se montre plus intéressé par la technologie et la clientèle compte titres que par celle de l’assurance vie. Il décide donc de vendre cette dernière à Suravenir fin 2020 pour que l’assureur en reprenne l’exploitation. La revente ne fait pas partie de leur accord. D’où la colère de Jérôme Goldas qui a annoncé à la rédaction son intention de porter l’affaire en justice. Contacté, Suravenir n’a pas encore répondu à nos sollicitations.
Jérôme Goldas compte également se retourner contre Patrimea à qui il reproche une formulation trompeuse dans leur communiqué de presse. En annonçant qu’elle rachetait « la clientèle de Marie Quantier », il considère que la plateforme induit le public en erreur. Elle n’en acquiert qu’une toute petite partie, alors que My Funds Office demeure propriétaire de la marque, de la technologie et de la clientèle compte titres (plusieurs millions d’euros d’encours selon lui).
Le recours à la justice peut contraster avec le volume de la transaction, mais constitue surtout un nouvel épisode de la chute de Marie Quantier. Le transfert du fond de commerce s’est déroulé dans un climat plus que tendu, sans coopération entre les deux équipes. Son fondateur Matthieu Hamel s’est même fait assigner en justice par Jérôme Glodas pour parasitisme économique et contrefaçon (le verdict doit être rendu en janvier). Le tout à une époque où beaucoup de fintech tentaient encore de gagner leurs lettres de noblesse. Pas très fair play pour le reste de l’écosystème.
Que deviennent les clients de Marie Quantier ?
Fin 2019, une fois que la fintech a baissé le rideau, les clients compte titres ont pu continuer à passer leurs ordres via Interactive Brokers et ont trouvé refuge auprès de My Funds Office. Les clients détenteurs d’un contrat assurance vie Marie Quantier I ont été moins chanceux, même si Suravenir a continué de les assurer. Ils pouvaient certes toujours réaliser arbitrages, versements et rachats, mais trouvaient désormais porte close niveau conseil. Plus personne pour répondre au téléphone et les conseiller sur leurs opérations. Un comble quand on se rappelle que la société vantait son modèle de recommandations issues de son algorithme pour se démarquer de la concurrence. Les clients ont donc dû se débrouiller par eux-mêmes pendant près de deux ans...