Malgré le krach, l’écosystème crypto garde le moral

Louis Tellier
Après l'effondrement de Terra, la récente chute des cours et les difficultés financières rencontrées par de nombreux acteurs auraient pu mettre à mal leur enthousiasme.
(Pexels - Rodnae Productions)

Les difficultés financières d’acteurs comme Celsius Network ou Three Arrows Capital auraient pu signer la fin de l’engouement autour des cryptomonnaies, déjà mis à mal par la chute aussi brutale que spectaculaire du stablecoin de l’écosystème Terra début mai. Mais même avec un bitcoin touchant ses plus bas depuis décembre 2020 ou un ether revenu à ses niveaux de novembre 2021, l’enthousiasme autour des cryptomonnaies ne s’estompe pas.

Les rockstars de VivaTech

En plus des nombreux fonds qui se sont lancés en mai pour espérer trouver la prochaine pépite du Web 3, le salon VivaTech qui s’est tenu à Paris du 15 au 18 juin a été la démonstration de l’engouement médiatique qui ne faiblit pas autour de l’univers des cryptomonnaies. Au stand de la plateforme d’échanges Binance, la plus populaire du monde qui revendique aujourd’hui 120 millions d’utilisateurs, il y avait foule au moment de l’apparition de son PDG star Changpeng Zhao, qui se fait surnommer CZ. «On est là pour voir le boss!», a clamé l’assistance.

La démonstration la plus impressionnante de cette popularité dont bénéficie le cryptomilliardaire se fera au moment de son intervention sur la scène principale du salon. Quarante minutes avant la conférence, impossible de trouver une place. On se presse sur les estrades des cameramen, on s’assoit dans les allées, entre les chaises. On n’hésite pas non plus à rester debout, juste pour l’apercevoir. Ce dernier est d’ailleurs accueilli comme une star, sous les applaudissements et les cris en compagnie de Vitalik Buterin, le co-fondateur d’Ethereum, qui participera à distance à la conversation menée par le patron de Publicis Maurice Lévy. Et lorsque l’intervention se termine, les trois quarts de l’assistance se lèvent sans prêter attention à la suivante à laquelle participe l’actuel directeur IA de Meta et Yann Le Cun, considéré comme l’un des inventeurs du deep learning, autrefois adulé. «Je vous vois partir, restez !», est même obligée de lancer d’un ton amusé mais désespéré la speakerine.

Mieux préparé qu’en 2018

Le marché crypto avait également connu un épisode sanglant en 2018 pendant lequel les cours s’étaient aussi effondrés. Une longue traversée du désert avait suivi, surnommé «l’hiver crypto», qui aura duré jusqu’à la remontée du cours du bitcoin et par effet domino des autres cryptomonnaies, à partir de décembre 2020. Mais cette fois, Benjamin Dean, directeur des actifs numérique chez WisdomTree, l’un des principaux fournisseurs d’ETF aux Etats-Unis, estime qu’il n’y a jamais eu «autant de projets entièrement financés dans les actifs numériques. Lors du premier trimestre 2022, 10 milliards de dollars supplémentaires ont été investis en capital-risque».

Contrairement à 2018, il n’est aujourd’hui plus question de savoir si les cryptoactifs vont disparaître, mais plutôt comment le marché va continuer de se structurer avec les régulations et quels acteurs en profiteront. «En 2018, le marché n’avait pas autant d’opportunités de développement, la finance décentralisée n’était pas grand-chose, les NFT étaient balbutiants, Ethereum n’était pas aussi scalable (extensible, ndlr). Aujourd’hui, nous avons tout ça. Je ne suis pas inquiet», a déclaré sur Twitter le fondateur du média Bankless Ryan Seans Adams. «La violente baisse que nous vivons va éloigner de nombreux particuliers qui étaient rentrés récemment, pour longtemps. Mais aujourd’hui, les acteurs traditionnels sont engagés dans la partie et réfléchissent à des stratégie de long terme à destination des entreprises, mais aussi des particuliers», assure Laurent Ovion, directeur de l’innovation chez DLPK & Nortia.