Les grandes entreprises affichent leur confiance pour 2023

Bruno de Roulhac
Après des résultats 2022 records, les trois quarts des sociétés européennes et américaines se sont risquées à dévoiler des objectifs de vente et de rentabilité.
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Un millésime 2022 exceptionnel pour les grandes entreprises. Rares ont été les sociétés à ne pas annoncer de profits records, constate une présentation de la fintech Scalens, couvrant 455 résultats dans 13 pays (Europe et Etats-Unis).

Avec même une deuxième année consécutive de croissance record du chiffre d’affaires, pourtant sans bénéficier d’un effet de base favorable comme l’an dernier. Les ventes ont progressé en moyenne de 16%, dont +18% pour les sociétés françaises, +11% pour les anglaises et +10% pour les allemandes, devant les américaines à +8%. Italie, Norvège, Belgique et Pays-Bas dépassent même les 20%. En termes sectoriels, l’hôtellerie rattrape enfin son niveau de pré-covid (+92%), et les pétrolières (+41%) et l’énergie (+37%) ont profité de la flambée des prix. Vient ensuite le luxe (+22%). Parmi les 20 plus fortes hausses, figurent 15 sociétés françaises. Mais elles sont aussi 14 parmi les 24 sociétés affichant une croissance inférieure à 10% (dont seulement 4 en baisse), notamment des valeurs bancaires (BNP Paribas, Crédit Agricole et la Société Générale) et de médias (TF1, M6). Le chiffre d’affaires est principalement tiré par l’activité en Asie et en Amérique du Nord. Dans ces deux zones, la croissance des ventes était respectivement de 36% et de 33% l’an dernier.
Les résultats progressent plus vite que les ventes

Cette augmentation du chiffre d’affaires s’est accompagnée d’une hausse encore plus forte des résultats. Les bénéfices par action – qui progressent plus rapidement que les résultats nets grâce aux rachats d’actions – ont crû en moyenne de 21%, dont 30% en France, la plus forte hausse, contre 6% au Royaume-Uni, 9% aux Etats-Unis et 19% en Allemagne. Toutefois, l’énergie affiche un recul de 37%, les mines de 30% et l’automobile de 10%, «en raison des provisions liées à la sortie de Russie ou à l’anticipation de difficultés en 2023», précise Bénédicte Hautefort, co-directrice générale de Scalens. Les plus fortes hausses sont dans les services (+100%) et la distribution (+51%). En revanche, les banques enregistrent des baisses. Ces bénéfices records, qui se traduisent aussi par une hausse moyenne de 26% des cash-flows, «sont tirés par le ‘pricing power’ et par les réductions de coûts, poursuit Bénédicte Hautefort. Pour la première fois, des mouvements massifs de réduction d’effectifs, notamment dans les techs et dans les banques, surtout aux Etats-Unis, accompagnent de bons résultats et une communication nouvelle sur le capital humain». En Europe, les entreprises ne lancent pas de plans de licenciement, mais proposent des reclassements ou ne remplacent pas les départs, constate Scalens.

Dans le cadre du partage de la valeur, les sociétés intègrent maintenant les rachats d’actions dans leur communication. Programmes de rachat qui dépassent parfois le milliard d’euros et qui s’ajoutent à la hausse moyenne de 65% des dividendes, bien plus forte que celle des résultats.

La performance extra-financière s’impose

Signe d’une relative confiance des sociétés, les trois quarts ont dévoilé des objectifs 2023 : 81% sur le chiffre d’affaires, attendu en progression d’environ 5%, 63% sur la marge opérationnelle, attendue en amélioration, 41% sur le bénéfice par action, et 8% sur les objectifs de réduction de CO2. Scalens relève quelques particularités régionales. Les pays nordiques n’évoquent pas les réductions de coûts, mais la génération de cash, alors que c’est l’inverse aux Etats-Unis.

Désormais présentation de résultats signifie financiers et extra-financiers. 68% des sociétés françaises ont présenté à la fois leurs performances financières et extra-financières. Mais des efforts restent à faire. Aux Etats-Unis et dans les pays nordiques, toutes les sociétés le font déjà. Les secteurs de l’automobile, de l’hôtellerie, de la pharmacie et des semi-conducteurs ont déjà pleinement intégré cette exigence. En revanche, la défense fait exception. «Elle a bien des critères de responsabilité sociale et environnementale (RSE), mais ils sont encore en silo», explique Bénédicte Hautefort. Près de la moitié (45%) des sociétés annoncent des objectifs de réduction de l’empreinte carbone, pas seulement dans l’industrie. Et même 16% des entreprises communiquent sur une feuille de route ESG, détaillant notamment les pourcentages de réalisation. Près d’une entreprise sur trois (29%) communique sur le capital humain.