
Les Français continuent de sur-épargner pour se protéger

Ce n’est pas cette année que la sur-épargne des Français devrait dégonfler, bien au contraire ! Sans surprise, le contexte économique les pousse à continuer à gonfler leurs bas de laine.
Le groupe BPCE a présenté ce mardi 10 janvier son dernier observatoire sur le sujet (1). Malgré une baisse l’année dernière, le taux d’épargne des ménages continue de stagner à des niveaux hauts. Après un pic à 21% en 2020 et une baisse à 18,7% en 2021, il descendait à 16,7% en 2022. Loin des 14,7% de 2001 et 2019.
Source : BCPE
La dégradation de la conjoncture a pris le relais de la crise sanitaire dans la tête des Français. Inflation, croissance en berne et craintes sur la future réforme du système de retraite, sont devenues les nouveaux leitmotivs des ménages pour épargner. Se prémunir contre la hausse des prix, actuelle et future, est leur premier objectif pour mettre de côté, qu’ils soient aisés (plus de 5.000 euros de revenus mensuels) ou modestes (moins de 1.500 euros). Pour la première catégorie, le principal effet est le report des projets d’achats importants comme une voiture ou un logement. Alors qu’en novembre 2021 ils étaient encore 46% à dire épargner pour ce motif, ils n’étaient plus que 28% en novembre 2022. A l’inverse, cet item est devenu plus prégnant pour les ménages modestes sur la même période : il est passé de 24% des intentions en novembre 2021 à 33% un an plus tard. L’anticipation d’une accélération de l’inflation pousse davantage les ménages modestes à épargner que les ménages aisés (41% fin 2022 contre 25%).
Pour beaucoup, épargner davantage passe par une réduction du train de vie. Et ce peu importe le patrimoine, qu’il soit faible (inférieur à 1.500 euros) ou important (supérieur à 100.000 euros). Limitation des déplacements en voiture, baisse du chauffage, réalisation de travaux soi-même…Toutes les économies sont bonnes à prendre.
Les Français prêts à moins de liquidité pour plus de rendement
Paradoxalement, la collecte brute des placements entre janvier et octobre est en baisse constante depuis 2020. Elle est ainsi passée de 130 milliards à 71 milliards d’euros en octobre 2022. BPCE relève même une accélération brutale de la décollecte du PEL : alors qu’il collectait encore 1,5 milliard d’euros entre janvier et octobre 2020, il a décollecté de 10,4 milliards d’euros sur les 10 premiers mois de 2022.
L’observatoire souligne également un léger basculement des compartiments «les plus liquides et mobilisables vers des produits à rendements plus élevés». Signe, peut-être, que les Français ont compris l’importance d’épargner sur des placements couvrant l’inflation.
Placements financiers des ménages en octobre 2022,2021 et 2020
Source : BPCE
(1) BPCE L’Observatoire, Rendez-vous Epargne & Placements, janvier 2023