
L’épargne Covid doit encore servir de combustible à la reprise

Une décélération qui n’est pas un retour à la normale, à l’image de la pandémie. Dans une note publiée mardi, la Banque de France rapporte que le surplus d’épargne financière, calculé par la différence entre les flux d’épargne financière observés et ceux qu’on aurait obtenus en prolongeant les tendance pré-Covid, continue d’augmenter. Le rythme est toutefois moins soutenu. Après avoir sur-épargné 110 milliards d’euros en 2020, les ménages auraient porté ce surplus à 157 milliards d’euros à la fin du premier semestre 2021.
Une situation qui ne prendra fin que lorsque le taux d’épargne financière retrouvera un niveau équivalent à celui d’avant-crise. Cela dépend d’un retour de la confiance sanitaire et économique. «Cette épargne-là est liée au fait qu'il y a certaines dépenses que les ménages auraient faites en temps normal mais qu'elles ne pouvaient pas faire», rappelle Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France. Un report de la consommation qui donne des espoirs pour la reprise : «Les perspectives de conversion du surplus d’épargne financière des ménages français en consommation représentent un enjeu essentiel pour la reprise», estime ainsi François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Pour le moment, ce surplus, majoritairement constitué durant les mois du premier confinement de 2020, a nourri les dépôts. Leurs encours ont progressé de 72 milliards d’euros au premier semestre 2021. Preuve de la décélération, ils avaient bondi de 94 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année 2020, deux fois le rythme habituel. Fin juillet, les encours de dépôts bancaires atteignaient 1.750 milliards d’euros, selon une première estimation, contre 1.530 milliards d’euros fin 2019.
«Bien que les dépôts à vue aient recueilli la majorité de ce surplus d’épargne Covid, 2020 est en conséquence une année exceptionnelle pour l'épargne réglementée : les versements sur le livret A, produit phare de l'épargne réglementée, ont atteint leur plus haut historique, à 167 milliards d'euros, soit une hausse de 134% par rapport à 2019», souligne l’avant-propos du rapport 2020 de l’épargne réglementée présenté à la même occasion. Une collecte exceptionnelle qui pourrait être à l’origine d’un cercle vertueux pour l’économie.