
L’effet de souffle lié à FTX se propage

C’est l’une des conséquences directes de la chute de la galaxie Samuel Bankman-Fried (SBF) : de nombreux utilisateurs ont retiré leurs cryptos des plateformes d’échanges, essentiellement des bitcoins (BTC) et de l’ether (ETH), la cryptomonnaie native du réseau Ethereum.
Selon un rapport publié le 13 novembre de Glassnode, société d’analyse des flux blockchains, l’équivalent de trois milliards de dollars en bitcoins ont été sortis des plateformes d’échanges centralisés comme l’était FTX, la semaine dernière avec une balance négative de 1,21 milliard de dollars de bitcoins. Il est encore plus intéressant de constater que la majorité des bitcoins ont été envoyés vers des portefeuilles non hébergés, des outils qui donnent la possibilité aux utilisateurs d’avoir le contrôle de leurs cryptoactifs. Ces flux ont atteint un taux historique de 106.000 BTC par mois. Un niveau plus observé depuis avril 2021, précise Glassnode. Le nombre de bitcoins placés sur les échanges n’a jamais été aussi bas depuis le 18 mai.
En parallèle, le solde d’ETH détenus sur les plateformes centralisées chutait de 1,211 milliards de dollars la semaine dernière toujours selon le rapport de Glassnode.
Leader mondial dans la commercialisation de portefeuilles crypto physique, la licorne française Ledger a annoncé rencontrer des difficultés de scalabilité lié à un afflux «massif» d’utilisateurs sur ses différentes plateformes.
Dans le même temps, toujours selon Glassnode, plus de 1,04 milliard de dollars de stablecoins, ces cryptomonnaies circulant sur la blockchain et adossées au cours d’une monnaie fiat (euro ou dollar) ou d’un autre cryptoactif, ont afflué vers les plateformes d’échanges centralisées la semaine dernière. Le pic a été atteint la journée du 10 novembre, «l’un des afflux les plus spectaculaires de stablecoin en une journée», concernant essentiellement l’USDT de Tether, l’USDC de Circle, le BUSD de Binance et le Dai de MakerDAO, seul stablecoin décentralisé de la liste. Jamais il n’y avait eu autant de stablecoins détenus sur les plateformes avec un nouveau record à 41,186 milliards de dollars.
Glassnode remarque qu’une grande partie de ces stablecoins proviennent du débouclage de positions dans la finance décentralisée, en l’occurrence ici via le réseau Ethereum. Ces clôtures de positions traduisent «une demande de liquidité immédiate en dollars devenue aiguë», analyse Glassnode.
La contagion commence
Cet appétit pour la liquidité s'explique par les difficultés économiques rencontrées par de nombreux acteurs après la faillite de FTX et du fonds Alameda Research dont l'effet systémique commence à se faire sentir. Ce week-end, la plateforme centralisée de prêt en cryptomonnaie BlockFi a annoncé arrêter les retraits pour ses utilisateurs. A cause de ses difficultés, elle avait bénéficié d’un renflouement de FTX après le crash de l’écosystème Terra.
Plusieurs entreprises ont également déclaré qu’une partie significative de leurs fonds étaient bloqués sur la plateforme fondée par Samuel Bankman-Fried dont le fonds spéculatif Galois Capital avec 40 millions de dollars. Le fonds Ikigai fondé en 2018 et qui a levé 30 millions de dollars en mai a annoncé avoir «la majorité de ses fonds» bloqués sur FTX. En milieu de semaine dernière, c’est Galaxy Digital qui annonçait une exposition de 76,8 millions de dollars à la plateforme désormais placée sous le régime des faillites américain. Investisseurs dans FTX, SoftBank et Sequoia ont ramené la valorisation de leur position à zéro.
La plateforme Crypto.com qui revendiquait début novembre 70 millions d’utilisateurs fait face à des soupçons d’insolvabilité depuis que ses équipes ont effectué un transfert de près de 400 millions de dollars d’ETH inexpliqué le 21 octobre. Son PDG Kris Marszalek a qualifié «d’erreur» ce transfert. Une explication qui n’a pas convaincu de nombreuses figures de l’écosystème qui ont appelé les utilisateurs de la plateforme à retirer leurs fonds. En une semaine, le cours du CRO, la cryptomonnaie native de la plateforme, s’est effondré de plus de 40%.