Le robinet du crédit commence à se refermer en zone euro

Par La rédaction
Les banques, qui se financent plus cher, durcissent leurs conditions de prêts et notent un affaiblissement de la demande.
(Fotolia)

Attention, durcissement des conditions de crédit en vue. La bank lending survey trimestrielle de la Banque centrale européenne, publiée mardi, montre que le robinet du crédit se referme progressivement en zone euro, alors même que la BCE n’entamera que le 21 juillet son cycle de hausse des taux.

Les 153 banques interrogées du 10 au 28 juin ont en moyenne durci leurs conditions de prêts aux entreprises entre avril et juin – le score de +16, contre +6 au premier trimestre, exprime la différence entre réponses positives et négatives. Le tour de vis est particulièrement marqué en France, de 0 à +25. Les banques européennes s’attendent à un nouveau resserrement au troisième trimestre (+18). « La tolérance au risque a fortement baissé », constate la BCE en évoquant l’incertitude économique et les interrogations sur la qualité de crédit des emprunteurs.

Des tensions apparaissent aussi sur le crédit immobilier aux ménages, à +24 contre +2. Là, c’est l’Espagne et l’Allemagne qui enregistrent le durcissement le plus net entre premier et deuxième trimestre.

Du côté de la demande de crédit, les voyants ne sont pas encore tous passés au rouge. Si les banques constatent un moindre appétit des ménages pour les prêts hypothécaires, les entreprises accroissent encore leur demande. Mais uniquement pour financer leur fonds de roulement, et non pour investir. « Le resserrement considérable des standards de crédit et l'augmentation des coûts d'emprunt indiquent que l'investissement devrait souffrir dans les mois à venir », souligne Bert Colijn, économiste zone euro chez ING. Au bout du compte, « l’impact des conditions de crédit plus strictes va se faire sentir sur l’ensemble de l’économie et contribuera au ralentissement général », ajoute l’économiste.

L’enquête permet aussi d’apprécier le risque de fragmentation financière en zone euro. Celui-ci se traduirait par des coûts de financement des banques, et donc par ricochet des agents économiques, trop chers dans certains pays. Pour l’instant, pas de panique. « Bien que le spread de l’Italie soit relativement élevé, la fragmentation de marché ne semble pas avoir conduit à une dégradation plus sévère des conditions de prêts aux entreprises et aux ménages italiens », constate Chris Hare, économiste chez HSBC. C’est toutefois en Italie que la hausse des coûts et les contraintes de bilan sont les plus vives chez les banques. Affaire à suivre.