Le livret A devient le premier livret d’épargne réglementé en encours

Jonathan Blondelet
Avec 304 milliards d'encours fin 2020, il a détrôné le plan d'épargne logement.
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Le livret A a-t-il un intérêt pour l’économie réelle ? La réponse est affirmative pour la Banque de France qui s’est évertuée à le défendre lors de la présentation mardi de son rapport annuel 2020 sur l’épargne réglementée. Il est, plus que jamais, dans le cœur des Français, représentant 14,4% de leur épargne financière. 2020 a été historique pour le Livret A : il a détrôné le plan d'épargne logement (PEL) sur le podium des produits d’épargne réglementée. Les encours caracolent à 304 milliards d’euros pour les personnes physiques, soit 9,2% de plus que fin 2019. L’encours moyen se situe autour de 5.500 euros, mais les sommes sont inégalement réparties puisque 13% des livrets A concentrent 52,9% de l’encours total (plus de 19.125 euros). Nos compatriotes sont 55 millions à en posséder un, soit 81,5% de la population française. Depuis quelques semaines, le rythme d'augmentation des encours du Livret A a tendance à ralentir.

Les 814 milliards d’euros d’épargne réglementée, quoi qu’en disent ses (nombreux) détracteurs, entraîne un « cercle vertueux » vis-à-vis de l’économie réelle, a insisté la Banque de France. L’épargne est réinvestie via deux circuits principaux : le fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignations (pour 60% des fonds collectés, qui finance le logement social, les infrastructures locales et les actions de politique de la ville, et les banques, grâce à l’obligation d’emploi, principalement pour les prêts aux PME, mais aussi pour des projets contribuant à la transition énergétique ou à la réduction de l’empreinte carbone, ainsi que d’autres dans l’économie sociale et solidaire. «L’encours total des prêts aux PME est au-delà des obligations d’emploi avec 536 milliards d’euros, en forte hausse (20,8%) depuis fin 2019, indique la Banque de France. Le surplus d’épargne a donc bien été réinjecté dans l’économie réelle en finançant la trésorerie et l’investissement des PME.»

Deux ombres au tableau toutefois : les livrets d’épargne populaire (LEP), dont la détention est soumise à un plafond de revenus, ne sont que sept millions fin 2020 alors que 15 millions de Français sont éligibles. Par ailleurs, les encours des PEL ouverts avant 2011 s’élèvent à 111 milliards d’euros, pour un taux de rémunération de 4,5% en moyenne quasi garanti à vie. La Banque de France a pointé un livret grevant le financement optimal de l’économie française ainsi que l’équité sociale, en plus de proposer une rémunération anachronique puisque sans risque.