
« Le crowdfunding doit profiter à tous »

Le secteur du crowdfunding est en plein essor. Non seulement sa collecte record de l’année dernière (1,02 milliards d’euros) fait affluer en masse les investisseurs, mais son dynamisme attire aussi de nouveaux acteurs. Le dernier en date, Ekynox, fait le pari de se spécialiser dans les énergies renouvelables. Il devra jouer des coudes pour se faire une place parmi ses concurrents directs, tel que Lumo, Lendosphere et Enerfip, toutes les trois spécialisées dans le même domaine.
Sébastien Millard, fondateur et président d’Ekynox, se veut le trait d’union entre des porteurs de projets experts dans leurs domaines et des banques réticentes à financer des dossiers trop petits. Il faut dire qu’elles font parfois face à des chefs d’entreprise au discours technique parfaitement maitrisé, mais qui n’ont pas forcément les codes pour bien se vendre. C’est dans cette faille que le dirigeant a décidé de se glisser. Avec ses vingt années d’expérience du monde bancaire, Sébastien Millard compte aider ces jeunes acteurs à se financer auprès d’investisseurs institutionnels et privés. Rencontre.
Pourquoi avoir quitté le secteur bancaire pour le financement participatif ?
Le crowdfunding s’est profondément transformé ces dernières années. Le secteur gagne en maturité et permet d’attirer des projets de plus en plus importants. Les plateformes de financement participatif sont plus agiles que les banques traditionnelles, sans pour autant s’y opposer car le crowdfunding est souvent un tremplin vers le prêt bancaire. Le financement participatif et le secteur bancaire ont tout intérêt à travailler ensemble, c’est ce qui m’attire.
Vous voulez financer les dossiers dont les banques ne veulent pas. Comment vous allez limiter ce risque ?
Ekynox s’adresse aux investisseurs privés et institutionnels. Notre analyse des risques et de la viabilité des projets correspond aux exigences de ces derniers. Avant de regarder les critères extra-financiers des dossiers que nous recevons, nous analysons la viabilité des projets de manière classique. Nous regardons notamment le retour sur investissement et la visibilité des revenus à venir, critère essentiel pour juger de la pérennité d’un projet. L’objectif est de s’assurer de l’adéquation des besoins en financement des porteurs de projet avec les attentes des investisseurs institutionnels, en respect avec leur cahier des charges. Ce qui profite in fine aux épargnants ! Comme les institutionnels ont un cahier des charges très précis, répondre à leurs exigences permet de proposer aux investisseurs privés des standards de sélection plus élevés que leurs propres attentes.
Quels investisseurs privés ciblez-vous ?
Nous visons aussi bien le grand public, que la clientèle patrimoniale et fortunée via des family offices par exemple. Ekynox proposera des projets accessibles dès 20 euros. Le crowdfunding doit pouvoir profiter à tous, particuliers comme institutionnels. Pour autant, nous réfléchissons dès à présent à tisser des liens avec les conseillers en gestion de patrimoine. Ils ont un rôle essentiel auprès d’une certaine catégorie d’investisseurs privés et sont eux aussi des partenaires naturels. Les CGP sont porteurs d’une demande croissante de leurs clients pour des placements riches de sens. Ils sont donc un maillon essentiel du financement de la transition énergétique et des projets à impact positifs, lesquels seront au cœur d’Ekynox. Notre stratégie est en cours de finalisation et pourrait concerner aussi bien les gros réseaux que les CGPI.