
« Le crowdfunding à capital assuré pourrait concurrencer le fonds en euros »

La garantie en capital n’a pas dit son dernier mot. On pensait l’idée morte et enterrée avec le lent déclin du fonds euro, mais elle pourrait bien reprendre du poil de la bête. Et c’est du côté du crowdfunding que tous les regards ne devraient pas tarder à se tourner. La plateforme de financement participatif Finple annonce aujourd’hui en exclusivité dans L’Agefi Actifs l’ouverture au grand public de son offre d’investissement avec garantie de paiement à terme. Après un an de pré-commercialisation, la société a décidé de passer à la vitesse supérieure.
En sélectionnant sur la plateforme de Finple un des projets couverts par cette garantie, l'investisseur bénéficiera de la caution solidaire de l'assureur S2C. En cas de défaut du promoteur, il prendra le relai et remboursera le capital restant dû, déduit des coupons net perçus. Cette garantie a un prix. En contrepartie, les épargnants doivent accepter un rendement moindre qu’un investissement en crowdfunding traditionnel. Finple cible en effet un rendement moyen compris entre 3% et 4% par an net de frais. C'est évidement bien en-dessous des 9,2% du secteur au premier semestre 2021, selon le dernière baromètre du secteur réalisé par FundImmo et Hellocrowdfunding.
En un an, et malgré une distribution restreinte à quelques investisseurs triés sur le volet, Finple a collecté 25 millions d’euros et financé six projets. Le tout avec un ticket moyen autour de 51.000 euros (pour un minimum de souscription de 10.000 euros). D'ici à la fin de l'année, Finple vise une couverture par la caution solidaire de 30% à 40% de ses projets et devrait proposer dix nouvelles opérations, pour un montant d’investissement supérieur à 20 millions d’euros. En s'ouvrant au grand public, l'offre devient plus accessible et les tickets d'entrée oscilleront entre 5.000 euros et 10.000 euros.
Pour passer à la vitesse supérieure, Finple entend se reposer sur les CGP. Entretien avec son fondateur et président, Thomas Derosne.
Le crowdfunding avec capital assuré est-il un concurrent au fonds euro ?
J’aimerais dire oui, mais il ne coche pas toutes les cases ! Sur la partie garantie de paiement à terme du capital, oui. En revanche, notre assureur ne pourra pas garantir la liquidité permanente. Nos projets nécessitent une immobilisation des capitaux entre 12 et 60 mois (pour une moyenne de 24 mois).
Pourquoi cette phase de pré-commercialisation d’un an ?
Nous voulions nous assurer de la solidité de notre offre. Nous l’avons proposée à quelques investisseurs privés, partenaires CGP et family offices qui pouvaient mettre des tickets assez importants, autour de 100.000 euros. Ainsi, nous avons pu financer des opérations de plus grande envergure que d’habitude. Cette phase nous a également permis de tester l’appétence des promoteurs immobilier, nous permettant ainsi de s’assurer d’un sourcing suffisant pour répondre à nos critères de sélection ainsi que ceux de l’assureur. Après un an d’essai, nous sommes fins prêts pour ouvrir cette offre au plus grand nombre.
Qui ciblez-vous en premier ?
Tous les investisseurs peuvent en profiter, mais le nombre de projets est limité. On ne pourra pas satisfaire tout le monde. La garantie en capital est un bon moyen de rassurer les épargnants encore frileux vis-à-vis du crowdfunding. Elle pourrait les convaincre de franchir le pas. Nous souhaitons également favoriser le placement de trésorerie d’entreprise, marché sur lequel l’offre existante reste très pauvre.
Finple s’adresse au grand public tout en se reposant sur les CGP. Comment maintenez-vous cet équilibre ?
Historiquement, notre clientèle directe est plutôt patrimoniale avec des tickets moyens d’investissement plus élevés que chez nos confrères, mais nous travaillons également avec les CGP depuis de nombreuses années. Nous sommes aujourd’hui la première plateforme référencée auprès des professionnels du patrimoine avec plus de 500 cabinets partenaires. La majorité des plateformes ne travaillent pas avec les conseillers et restent exclusivement en BtoC. Pour notre part, nous sommes persuadés que le CGP a toute sa place et que le crowdfunding représente aujourd’hui une classe d’actifs à part entière nécessaire dans une allocation patrimoniale. L’enjeu pour eux n’est plus de savoir s'il faut y aller mais avec qui y aller. C’était tout le sens des discussions l’année dernière entre Financement Participatif France, qui représente les acteurs du crowdfunding, et les associations professionnelles de CGP. Ils se sont mis autour de la table pour discuter des modalités d’un contrat de Place. Ce contrat a apporté une réponse concrète et attendue par le marché dans la gestion des relations CIF / CIP* et a pu rassurer les professionnels du patrimoine en posant un cadre règlementaire.
*Conseiller en investissements participatifs