Portefeuilles types

L’avis d'Edmond de Rothschild AM

D’une semaine sur l’autre, de grands intervenants de la Place révèlent leur politique d’investissement par classes d’actifs et zones géographiques
Un rendez-vous pendant six mois avec trois partenaires choisis par la rédaction de “L’Agefi Actifs” afin de décrypter leurs allocations

Après avoir partagé pendant cinq mois nos convictions de gestion et leur mise en en œuvre au sein de portefeuilles types, il convient de faire un point d’étape quant aux résultats de cette gestion dans un environnement de marché marqué par un retour de la volatilité sur les marchés d’actifs risqués tant sur le front des actions et que sur l’obligataire, une remontée des taux souverains et des mouvements forts sur les marchés des changes.

Les trois profils affichent une performance positive depuis le début d’année, de, respectivement +0,72 % pour le profil prudent, +1,05 % pour le profil équilibré et +1,53 % pour le profil dynamique. Au cours de la période, les marchés actions monde enregistrent une performance de +1,60 % (pour le MSCI Monde) et les marchés obligataires accusent une baisse de - 1,5 % (pour un indice global aggregate couvert du risque de change).

Notre prudence sur les marchés obligataires et nos décisions de mettre en place des positions négatives sur les taux souverains, d’adopter un positionnement défensif en début d’année et de tirer profit de l’épisode d’écartement des spreads pour augmenter l’exposition aux marchés du crédit ont permis de générer une performance positive sur cette poche qui était – et demeure – sous-pondérée au sein des différents portefeuilles types.

De même, notre surpondération des actions, la décision de renforcer l’exposition actions dans le mouvement de forte volatilité de cet hiver et notre préférence pour les actions de la zone euro et japonaises au détriment des actions américaines et émergentes (fortement valorisées) ainsi que la sélection de thématiques (sur le big data notamment) ont été très profitables.

La dégradation récente des indicateurs macroéconomiques nous paraît transitoire. Nous demeurons confiants quant à la bonne visibilité du cycle économique mondial, qui semble se prolonger, avec l’éloignement du risque systémique chinois et les mesures pro-cycliques américaines ; cette confiance se traduit logiquement par une confiance dans le cycle des profits des entreprises et justifie globalement un positionnement en faveur des marchés d’actions.

Le récent rally, notamment des actions européennes et japonaises, qui ont rebondi fortement, en absolu de près de 10 %, mais aussi en relatif – largement aidées par les mouvements sur les marchés des changes alors même que les entreprises américaines enregistrent une saison de résultats records (7 % de croissance des chiffres d’affaires et 23 % de croissance bénéficiaire pour 2018) –, nous conduit à réduire notre exposition aux actions, prenant profit sur les actions japonaises et achetant des protections sur les marchés d’actions européens, la baisse de la volatilité induisant des coûts de couverture bon marché.

Cela nous paraît d’autant plus important que les investisseurs semblent, pour le moment, faire fi des atermoiements italiens ou plus globalement du risque politique/géopolitique.

De plus, la bonne tenue des fondamentaux économiques et la dénonciation de l’accord iranien conduisent le pétrole vers des niveaux qui pourront commencer à peser et venir nourrir les anticipations d’inflation. Cette dernière devrait mécaniquement ressortir sur des niveaux élevés dans les mois à venir, du fait d’un effet base favorable.

Nous estimons que ces éléments pourront être sources de craintes ou de questionnements qui devraient à leur tour fournir des points d’entrée plus attractifs.Sur le front obligataire, la nervosité constatée sur les marchés américains, alors que les fondamentaux économiques ne semblent pas accélérer et que les facteurs techniques évoluent (baisse des TED spread, positionnement vendeur particulièrement élevé, flux sortants sur les marchés de la dette émergente), semble créer les conditions nécessaires à un éventuel mouvement de « flight to quality » qui viendrait peser sur le dix ans américain.

Les marchés de la dette émergente ont particulièrement souffert du mouvement haussier sur le dollar et les taux américains, durcissant les conditions financières. Nous estimons que les fondamentaux y restent bien orientés et continuons d’y voir des opportunités. Nous augmentons graduellement nos investissements sur ce segment de marché.   


3 points forts 

  • Éloignement du risque systémique et baisse de la probabilité de récession
  • Remontée ordonnée des taux d’intérêt
  • Bonne saison de publications des résultats

 

3 points faibles 

  • Retour du risque politique/géopolitique
  • Durcissement des conditions financières avec la hausse du dollar et des taux
  • Fragilité accrue de certaines économies émergentes