L'avis de Twenty First Capital

Le marché haussier qui a débuté en mars 2009 est désormais le plus long de l’histoire aux États-Unis : l’indice Dow Jones a gagné près de 300 %, le S&P 500 plus de 300 % et le Nasdaq plus de 500 % depuis mars 2009. Pour autant, les valorisations des marchés d’actions restent toujours attrayantes d’après notre modèle d’évaluation des marchés qui procède d’une actualisation des cash-flows futurs des sociétés. Le fait est que plus de 80 % des entreprises ont dépassé les attentes du consensus en termes de résultats au dernier trimestre, tant en Europe qu’aux États-Unis, soit le meilleur chiffre depuis 10 ans ! L’évolution erratique des marchés financiers depuis le début de l’année n’ayant pas reflété cette forte croissance des profits des entreprises, pour des raisons avant tout géopolitiques, les valorisations des actions sont paradoxalement redevenues attrayantes. Naturellement, après plusieurs années de hausse continue des marchés, les annonces de résultats ou de prévisions décevantes sont sanctionnées par des baisses spectaculaires des cours de bourse, comme cela s’est encore produit pour Netflix et Facebook qui ont perdu 20 % de leur valeur après la publication de leurs résultats décevants. Ces réactions reflètent dans certains cas des déceptions, mais elles illustrent surtout l’extrême nervosité des investisseurs qui, à la moindre mauvaise nouvelle, liquident leurs positions sans état d’âme. Pour tenir compte de cet environnement plus fébrile, nous avons remonté la prime de risque de notre modèle d’évaluation des marchés financiers, qui continue malgré tout de préconiser l’investissement en actions. À moins d’anticiper une récession aux États-Unis en 2019, ce qui est peu probable compte tenu des indicateurs économiques avancés toujours bien orientés, on ne peut pas considérer que les marchés d’actions soient actuellement surévalués.

Après un été boursier erratique, nous renforçons ainsi progressivement la part des actions dans nos portefeuilles, en particulier en Europe. Les entreprises européennes devraient bénéficier de la poursuite de la reprise économique, soutenue par une politique monétaire toujours accommodante, et ce, jusqu’au moins 2019, et surtout de la forte hausse du dollar contre l’euro. À l’instar du Russell 2000 aux États-Unis, nous pensons que les petites et moyennes valeurs devraient continuer de surperformer, du fait de l’amélioration continue de leurs fondamentaux, de leur moindre dépendance au commerce extérieur et de leur valorisation qui est encore loin de refléter la forte croissance de leurs bénéfices. Au sein des marchés d’actions, nous privilégions également l’Asie qui a été injustement sanctionnée par les investisseurs : ils ont vendu massivement leurs positions sur les pays émergents sans aucune discrimination, craignant l’impact de la hausse du dollar et des taux d’intérêt américains compte tenu de leurs besoins de financement en dollars. C’est effectivement le cas des pays dont la balance courante est déficitaire, tels que la Turquie, les sanctions américaines ayant accéléré la fuite des investisseurs étrangers durant le mois d’août. Mais ce n’est pas le cas de nombreux pays en Asie dont les fondamentaux macro-économiques sont solides avec des balances courantes excédentaires tels que Taïwan ou la Corée du Sud. Cette correction généralisée des marchés émergents constitue ainsi d’après nous une opportunité pour commencer à revenir sur les marchés asiatiques et tirer parti de la sous-évaluation à la fois des actions et des devises locales. Dans un souci de diversification, nous privilégions également les obligations d’entreprises européennes dont le rendement est également redevenu attrayant : le rendement moyen des obligations high yield en euros dépasse désormais 4 %, alors que le taux de défaut sur les 12 prochains mois est estimé à 1,3 %. Enfin, nous privilégions également les fonds de performance absolue qui, après avoir contre-performé depuis dix ans dans un contexte de volatilité et de taux d’intérêt trop bas, devraient a contrario pouvoir tirer parti à la fois de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis et de la volatilité qui en résultera. 
Twenty First Capital