L'avis de Mansartis

La période estivale a été marquée par un retour du stress sur les marchés financiers, notamment émergents. Les disparités géographiques se sont accrues au cours des derniers mois. C’est sans doute le point le plus significatif aujourd’hui. D’un côté, la situation dans les pays développés est positive : aux États-Unis, la croissance devrait se maintenir à un niveau élevé autour des 2.5%. Au 2ème trimestre 2018, elle a même atteint un pic à 4.1%, dû au bonus fiscal de D. Trump. Ce cycle de reprise, débuté en juin 2009, est le 2ème plus long de l’histoire de l’économie américaine (le plus long ayant duré 120 mois, de mars 1991 à mars 2001). Il explique, entre autres, les niveaux records atteints par le S&P500. A court terme, il faudra néanmoins rester attentif aux élections de mi-mandat en novembre prochain, ainsi qu’à la poursuite du resserrement monétaire mené par la FED.
En Europe, l’économie reste en phase d’expansion même si la croissance ralentit légèrement par rapport à ses niveaux de fin 2017. Reste les difficultés politiques : les négociations sur le Brexit n’ont toujours pas abouti, alors que le mois de mars 2019, date limite pour trouver un accord, approche. En Italie, le niveau des taux souverains est élevé.Le taux 2 ans est à 1.1 % contre -0.34 % pour l’Espagne et -0.59 % pour l’Allemagne. 
Ces disparités de taux illustrent la nervosité des investisseurs et sont un véritable casse-tête pour la Banque Centrale Européenne qui commence à envisager un changement de sa politique monétaire.
Mais le sujet majeur de l’été aura été celui des pays émergents comme l’a illustré la crise turque. Dans ces pays, on observe un tassement de la croissance associé à un regain d’inflation. Cela se traduit par de fortes sorties de capitaux entrainant à la baisse les devises de ces pays ainsi qu’à des tensions sur les taux des obligations émergentes. La livre turque a ainsi perdu près de 40 % de sa valeur depuis le début de l’année. L’Argentine a fait appel au FMI et s’est vu octroyer une aide 50 milliards de dollar pour lutter contre l’inflation. Dans le même temps, l’Indonésie a monté ses taux à 5,5 % afin de lutter contre les sorties de capitaux et stabiliser sa devise.
Cette crise des devises émergentes tient son origine dans le changement de politique monétaire mené…aux États-Unis. Elles sont les victimes directes de la hausse des taux de la Fed qui prive les pays émergents des dollars qui y étaient investis. Les sorties de capitaux sont d’autant plus massives que les investisseurs s’inquiètent aussi des effets potentiels d’une guerre commerciale dont le président D. Trump menace, tous les jours, ces économies émergentes. En 1997, la crise asiatique, initiée par une dévaluation du bath thaïlandais, s’était rapidement propagée aux marchés développés, conduisant alors les banques centrales à baisser leur taux afin d’empêcher une contagion à l’économie réelle. Depuis, le poids des économies émergentes a largement progressé. Selon le FMI, il est passé de 42 % en 1997 à 58.7 % en 2017.
Pour l’instant l’instabilité des changes se cantonne aux pays émergents, et dans ces pays-là, à ceux qui présentent le plus de risque, c’est-à-dire ceux qui ont les plus gros stocks de dette libellée en dollars. La mise en place, dans ces pays, de véritables stratégies pour lutter contre l’inflation et arrêter la fuite des capitaux pourrait rassénérer les investisseurs.
Au global, le risque émergent et la guerre commerciale menée par les États-Unis, nous amènent à rester prudent. L’asymétrie des potentiels de rendement/risque des actions nous conduit à maintenir une attitude plutôt défensive en les sous pondérant. Du côté des taux, le mouvement de « flight to quality » vers les obligations souveraines et Investment Grade des pays développés n’a pas eu lieu, probablement en raison de la poursuite, ou du début, de normalisation des politiques monétaires attendue dans ces pays. Nous restons absents des taux souverains et préférons nous positionner sur des obligations d’entreprises aux durations courtes. Une hausse des taux des obligations d’entreprise pourrait, à l’avenir, constituer des points d’entrée intéressants selon nous.

Principaux points forts
- Environnement économique dynamique
- Visibilité des banques centrales
- Volatilité faible traduisant une résilience des investisseurs

Principaux points faibles​
- Guerre commerciale
- Resserrement des taux aux États-Unis
- Endettement élevé