
L'Avis de La Française
Cette année, les marchés financiers auraient pu prendre en considération la solidité des économies européennes et l’amélioration de la rentabilité des entreprises de la zone après plusieurs mois de repli. Ce fut le cas jusqu’en mai dernier, mais force est de constater que les indices actions européens ont pris une trajectoire baissière assez nette depuis lors, ce qui n’a pas été le cas des indices américains ni de ceux des pays émergents. Les indices américains ont été soutenus par la progression du secteur technologique. Ils ont également bénéficié d’une bonne saison de résultats d’entreprises au deuxième trimestre. Les analystes ont aussi anticipé une poursuite de ces bons chiffres, favorisée par l’évolution baissière du dollar.
Les déceptions sur la politique de M. Trump ont provoqué en effet une forte correction de la devise, accentuée par le doute qui s’est installé chez les investisseurs sur le calendrier de hausse des taux directeurs de la Fed, cette dernière ayant fait le constat d’une faiblesse persistante de l’inflation. La majorité des opérateurs de marché n’anticipent ainsi plus de relèvement de taux supplémentaire en 2017, et seulement une seule augmentation en 2018. Inversement, l’euro a progressé contre le dollar après le discours de Mario Draghi de juin, préparant à un ralentissement du programme de « quantitative easing ».
La croissance mondiale s’est améliorée au deuxième trimestre (4 % en rythme annualisé, soit son niveau le plus élevé depuis 2010), et les attentes des économistes pour les trimestres suivants se sont redressées. Malgré tout, les anticipations d’inflation à venir stagnent. Les taux d’intérêt de référence 10 ans allemands avaient d’abord nettement rebondi à la suite du discours de Mario Draghi de juin, avant de glisser de nouveau à partir de mi-juillet, le recul s’étant accentué sur le mois d’août.
Les grands gagnants de cette période estivale ont été encore une fois les actifs des pays émergents, actions et obligations : après avoir été vendus en raison de la montée des tensions diplomatiques Chine/Corée/Japon/Etats-Unis, les investisseurs ont rapidement réinvesti sur la zone, qui bénéficie toujours de l’attractivité des valorisations et de l’amélioration des fondamentaux.
Dans ce contexte, nous avons arbitré début juillet dans nos profils de gestion, à exposition actions constante, des actions américaines libellées en dollars contre des actions européennes. Nous avons parallèlement augmenté le poids des obligations d’Etat européennes après la forte hausse de taux fin juin, croyant peu à une normalisation à courte échéance de la politique monétaire de la BCE au vu des derniers chiffres d’inflation publiés. D’autre part, la force de l’euro devrait contraindre la BCE à revoir ses positions car un ralentissement des achats obligataires, provoquant une remontée des taux longs, aurait tendance à accélérer encore la progression de la devise, ce qui deviendrait alors problématique pour la reprise de croissance de la zone.
Nous avons enfin renforcé l’exposition à la dette émergente, cette dernière apportant toujours les rendements les plus intéressants, tout en étant encore légèrement sous-valorisée.
Nous estimons que l’environnement reste favorable aux actions, notamment européennes : redressement de l’activité économique mondiale, reprise des échanges commerciaux, taux de chômage en baisse et une inflation modérée, empêchant les taux d’intérêt de remonter significativement. D’autre part, la croissance des bénéfices par action attendue pour 2017 reste à un niveau non observé depuis plusieurs années (+13 % en Europe, +9 % aux Etats-Unis).
En dépit d’un regain de volatilité et d’inquiétudes sur les marchés (absence de mesures fiscales promises par Trump, force de l’euro), et en éliminant les risques géopolitiques inhérents aux actions de Kim Jong-Un, impossibles à anticiper, il n’y a pas lieu selon nous d’adopter une posture plus défensive au sein de nos profils. Nous attendons dorénavant les comités de politique monétaire de début septembre avant de nous prononcer sur l’intérêt d’un éventuel « rebalancement » en faveur des obligations d’entreprises européennes et émergentes, au détriment des actions, compte tenu des valorisations relatives des premières vis-à-vis des secondes.
Principaux points forts du marché
- la politique toujours accomodante de la BCE.
- Le momentum de croissance en Europe bien orienté.
- Le risque populiste européen a disparu.
Principaux points faibles du marché
- Les risques d’escalade geopolitique(Corée du Nord).
- La force de l’euro qui gêne la BCE et rend son action plus incertaine.
- Le risque politique aux Etats-Unis : plafondde dette et mesures fiscales.
Evolution des marchés financiers depuis le 1er janvier 2017, au 26/09/17 à 12h
CAC 40 5.270 / +8,40 %
DJ EuroStoxx 50 3.540 / +7,59 %
DAX 30 12.622 / +9,94 %
FTSE 100 7.293 / +2,11 %
S&P 500 2.496 / +11,52 %
Dow Jones 22.296 / +12,82 %
Nasdaq Composite 6.370 / +18,34 %
Nikkei 225 20.330 / +6,36 %