
L’Asffor veut faire de la forêt une classe d’actifs à part entière
En organisant le colloque « La forêt : investisseurs et développement durable » le 30 novembre 2011 au Conseil économique, social et environnemental (CESE), l’Association des sociétés et groupements fonciers et forestiers (Asffor), par la voix de son président Pierre Achard et de son secrétaire permanent Jean-Yves Henry, visait un objectif bien particulier : « rechercher les moyens de promouvoir l’investissement forestier » en « associant le monde de la forêt et celui de la finance, deux sphères qui se côtoient peu ».
La forêt, classe d’actifs.
A l’image de l’immobilier, les acteurs forestiers voient dans la forêt non plus seulement un actif de diversification à la marge, mais une classe d’actifs à part entière promise à un bel avenir pour peu que les pouvoirs publics assouplissent le cadre réglementaire des différents supports d’investissement et que la profession lève certains verrous (lire aussi p. 8). Une information davantage disponible, une action mieux comprise, un marché mieux organisé, une performance calculable, une liquidité assurée pourront transformer la forêt, objet de dépense, en forêt d’investissement, objet de rapport.
L’année internationale des forêts s’achève donc sur 11 propositions émises par l’Asffor reprenant les orientations que l’association entend suivre et faire suivre. Bien qu’existent un indicateur annuel du marché des forêts publié par la Société Forestière et la FNSafer et un code de déontologie pour accompagner la vente de produits forestiers mis en place l’année dernière par l’Asffor, l’information reste encore insuffisante pour parler de marché organisé et gagner la confiance des investisseurs. Afin que ces derniers puissent disposer de références communes, l’association va proposer, à compter de l’année prochaine, deux indices établis en commun avec la Société Forestière de la Caisse des Dépôts, l’un sur le prix du bois, l’autre sur l’évolution des loyers de chasse, les deux composantes essentielles de l’investissement forestier, en plus de la valorisation de l’actif. Parallèlement, elle compte améliorer la transparence en matière de fixation des prix en faisant évoluer les règles d’expertise des biens (pourquoi pas vers des méthodes financières d’évaluation en capitalisant les revenus comme c’est le cas pour la valorisation d’actifs immobiliers ?).
Vers des supports modernes.
Dans la pratique, le groupement forestier (GF) est l'un des rares supports d’investissement actif aujourd’hui. Et bien qu’ayant fait ses preuves, « il est inadapté à la collecte d’épargne ». Société civile, il dispose d’un nombre limité d’associés et d’une interdiction de faire une offre au public d’instruments financiers. Afin de « mutualiser plus fortement les risques, d’avoir accès à une gestion de qualité et d’améliorer la liquidité, l’Asffor propose de fusionner des groupements forestiers existants de manière à créer des structures avec un nombre plus important d’associés », explique Jean-Yves Henry. L’association souhaite surtout voir se développer la société d’épargne foncière (SEF) qui, après dix ans d’existence, n’a connu aucun succès. A ce jour, il n’en existe qu’une seule gérée par la Société Forestière pour le compte d’institutionnels. Un échec dû, d’après les professionnels, à la composition de l’actif qui autorise un pourcentage de liquidités trop important (40 % maximum qu’il conviendrait d’aménager à 10 %) et réduit d’autant la fiscalité accordée au porteur de parts lors de sa souscription (22 % pour un GF contre 60 % x 22 % pour une SEF).
Pour gérer les entrées et les sorties sur le marché secondaire, « l’idée serait de créer des SEF à liquidité organisée, c’est-à-dire de fonctionner comme des SCPI à capital fixe (l’échange de parts résulte d’une confrontation entre offreurs et demandeurs) tout en laissant la possibilité à un associé de vendre ses parts, à partir de la vente d’actifs forestiers, lorsque le marché est sous tension », poursuit Jean-Yves Henry. L’association entend aller plus loin, notamment pour étendre le champ d’investissement à la zone euro, et invite le législateur et le régulateur à réfléchir à la création de sociétés d’investissements forestiers cotée à l’image des SIIC qui existent en immobilier. Mais dans ce domaine, tout reste encore à définir.