
L'actionnariat salarié demande un coup de pouce

Alors que les annonces de suppression ou de réduction des dividendes se multiplient, pénalisant notamment les salariés actionnaires, la Fédération européenne de l'actionnariat salarié (FEAS) appelle gouvernements et institutions en Europe à faire un geste en faveur de l'actionnariat salarié. «On ne peut que s'associer à cette demande, confie Alexis de Rozières, directeur associé chez Eres. L'actionnariat salarié est vecteur de motivation. »
Une telle conjoncture est«particulièrement propice au développement de l'actionnariat salarié», estime la Fédération européenne. Tandis que beaucoup d'entreprises rencontrent de graves problèmes de liquidités et cherchent à réduire leurs coûts salariaux, « une compensation est possible sous forme d'attribution d'actions aux salariés, d'autant mieux que celles-ci sont dépréciées », poursuit la FEAS. En revanche, la fiscalité doit aider et encourager de telles opérations et non y faire obstacle, ajoute la Fédération.
La France est déjà bien outillée
La France, championne européenne de l'actionnariat salarié, « dispose déjà de bons outils, comme le plan d'épargne entreprise (PEE), qui permet notamment d'offrir une liquidité pour les salariés de sociétés non cotées, poursuit Alexis de Rozières. Le contexte actuel de pandémie pourrait conduire à améliorer le dispositif ouvert par la loi Pacte qui permet de réaliser un abondement destiné à l’achat de titres de l’entreprise sans effort du salarié. Cela s’apparente à des actions gratuites collectives, mais soumis à un forfait social de 20% qui pourrait réduire son utilisation ».
Par ailleurs, face au risque croissant de faillites, la FEAS invite à la promotion de la reprise d'entreprises par les salariés, en particulier à travers les Employee Stock Ownership Plans (ESOP). Quant aux entreprises en meilleure santé et devant remobiliser leurs collaborateurs, la distribution d'actions aux salariés pourra constituer un bon moteur de succès, conclut la FEAS.
Quand l'activité aura repris, les entreprises pourraient réfléchir à l'utilisation de cet outil pour impliquer et motiver les salariés. « Pour le moment, nous n'avons pas enregistré d'annulation d'opérations d'actionnariat salarié, mais quelques différés dans du non-côté en raison des difficultés de valorisationou de difficulté pour les entreprises de communiquer avec leurs salariés, ajoute Alexis de Rozières. Nous attendons au quatrième trimestre une vague de plans pour 2021. Les sociétés pourraient agir davantage sur la décote et l'abondement en raison des circonstances afin d'associer leurs collaborateurs à la reprise économique. »