La structure de l’épargne des ménages influencera le rebond de l’économie

La rédaction
L’épargne issue de la hausse du revenu disponible se diffuse moins vite dans l’économie que celle liée aux reports d’achats pendant la crise.

L’excès d’épargne provoqué par la crise sanitaire pourrait ne pas avoir l’effet escompté sur la relance de l’économie. Dans une note publiée en début de semaine, UniCredit constate que, selon les zones géographiques, le surplus d’épargne des ménages est lié à des causes très différentes. Or, une épargne ayant pour cause une augmentation du revenu disponible a tendance à se diffuser plus progressivement dans l’économie qu’une épargne forcée, liée à des dépenses moindres pendant la crise.  

Aux Etats-Unis, par exemple, l’épargne supplémentaire des ménages atteint 8% du PIB en 2020, comparée à son niveau moyen. Elle est liée à 90% à la forte augmentation du revenu disponible. UniCredit s’interroge sur la vitesse à laquelle ces ménages vont réduire leurs soldes d’épargne excédentaire. La banque redoute que dans ce pays, la diminution graduelle de cet excédent se fasse «sur plusieurs années». En cause, la persistance d’un comportement de précaution et le fait que 40% de l'épargne américaine soit détenue par les 20% de ménages les plus aisés - qui n'en ont pas besoin pour consommer -, selon une note de Goldman Sachs publiée mi-février. Les 300 milliards de dollars envoyés aux ménages américains depuis le début de l’année ont, certes, contribué à la hausse des ventes de détail de 9,8% en mars. Mais ce chiffre correspond à un montant de 55 milliards de dollars, soit un peu moins de 20% des sommes redistribuées. Une grande partie de l'argent reçu a finalement été investi en Bourse.

En Europe, où l’épargne excédentaire par rapport à son niveau normal s’échelonne entre 7% en Grande-Bretagne et un peu moins de 4% pour l’Allemagne, la situation apparaît inversée. Les sommes épargnées proviennent très majoritairement – voire exclusivement, pour l’Espagne et l’Italie – de reports ou d’annulations de dépenses à cause des restrictions sanitaires. Cependant, les économistes d’UniCredit soulignent que «la reprise tend à être plus faible à la suite d’une récession concentrée dans les services plutôt que dans les biens durables», dans toutes les zones géographiques. Les dépenses de restaurant, par exemple, sont définitivement perdues pour le secteur et non pas seulement reportées. Au contraire des récessions touchant les secteurs industriels, où des achats de biens durables peuvent avoir lieu une fois la crise passée.