
La diffusion des cryptomonnaies en France s’accélère

Le chiffre peut surprendre. A ce jour, 8% des Français détiendraient des cryptomonnaies et 30% envisageraient d’en acquérir, révèle une étude de Blockchain Partners, KPMG et l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) réalisée en décembre. Présentée hier à Bercy, l’étude a visé un échantillon de 2.003 individus de 18 ans et plus. A titre de comparaison, 6,7% des Français disposent d’actions en direct, selon l’Autorité des marchés financiers.
L’année 2021 «a été l’année de l’éclosion des cryptomonnaies, a déclaré Alexandre Stachtchenko, directeur blockchain & cryptoactifs KPMG France, lors de la conférence de presse. Il était important pour nous de mesurer l’appétence des Français pour cette nouvelle classe d’actifs». Les cryptomonnaies commencent à se faire une place dans le quotidien des Français, puisque, selon l’étude, 77% en ont déjà entendu parler.
L’étude s’est notamment intéressée aux profils des investisseurs. Il apparaît que 61% des sondés se sont lancés il y a moins de trois ans, 49% ayant investi dans le bitcoin, 29% dans l’éther et 28% dans le bitcoin cash. Avec 76% des investisseurs en cryptomonnaies qui déclarent consacrer moins de 10% de leur épargne globale en cryptomonnaies, 16% déclarant placer entre 26% et 50% de leur épargne, et 7%, plus de la moitié de leur épargne. Leurs motivations sont d’abord économiques (à 60%), avec une recherche de rendement, 38% évoquent la volonté de réaliser un placement de long terme et 22% veulent se protéger de l’inflation.
Fossé générationnel
Les hommes investissent plus (à 60%) que les femmes et sont également plus nombreux à envisager d’investir dans les cryptomonnaies (à 57%). L’étude révèle que plus on descend dans la pyramide des âges, plus il existe de détenteurs de cryptomonnaies : 46% ont moins de 35 ans, contre 10% qui ont plus de 66 ans. Un Français de moins de 35 ans sur huit (12%) possède des cryptomonnaies. «Ce fossé générationnel laisse penser que le nombre de Français possédant des crypto est amené à augmenter drastiquement au fil des années», estime l’étude.
D’autres épargnants restent très frileux. L’étude révèle que 39% ne comptent pas investir dans les cryptomonnaies, tandis que 24% ne connaissent pas le sujet. De manière générale, 48% des sondés n’ayant jamais investi dans les cryptoactifs évoquent une méconnaissance du sujet, 30% les considérant d’ailleurs comme trop risqués.
Pour les auteurs de l’étude, les détenteurs de cryptomonnaies pourraient être plus nombreux si les banques françaises s’ouvraient davantage à la question. Selon l’étude, 22% des Français envisagent de changer de banque pour un acteur proposant des services de cryptomonnaies, un taux grimpant à 71% chez les détenteurs de bitcoins, éthers et autres devises. «C’est un enjeu aujourd’hui pour les banques de ne plus ignorer cette demande», a pointé Faustine Fleuret, la présidente et patronne de l’Adan.
L’écosystème se développe. L’an dernier, les 29 entreprises de cryptomonnaies interrogées dans le cadre de l’étude, dont Coinhouse et Ledger, ont créé 1.100 emplois directs. Un chiffre qui pourrait grimper à 2.500 en janvier 2023. Les auteurs parient que l’écosystème des cryptomonnaies, qui rassemble aujourd’hui environ 600 projets, devrait engendrer… plus de 100.000 emplois directs sous dix ans.
«Nous voulons être parmi les meilleurs du monde en matière d’innovation, que ce soit dans la 5G, les crypto ou le métavers. Si on veut que l’écosystème français des cryptomonnaies soit plus fort, on a besoin de beaucoup plus d’argent», a déclaré Cédric O, le secrétaire d’Etat au Numérique. «Nous avons aujourd’hui deux licornes, Ledger et Sorare, nous en voulons beaucoup plus», ajoute-t-il. Il s’est aussi prononcé sur la question d’une régulation des cryptomonnaies, estimant que «si l’on veut diffuser une technologie, on a besoin d’une régulation. Il faut concevoir la réglementation française en prévision de la réglementation européenne Markets in crypto-assets, ou MiCA. »