Foncier rural

Foncier rural : une année 2013 qui restera atypique

Agrifrance, le département de BNP Paribas spécialisé sur le marché du foncier rural vient de publier sa note de conjoncture annuelle
Même si certains prix continuent de progresser, les acheteurs sont devenus, en 2013, beaucoup plus sélectifs

Si l’intérêt patrimonial du foncier rural n’est absolument pas remis en cause pour les investisseurs fortunés, l’année 2013 a tout de même été marquée par une conjoncture particulièrement difficile sur ce secteur. Pris en tenaille entre un environnement économique en berne et de mauvaises conditions climatiques, les marchés agricole et viticole ont ainsi montré quelques signes d’essoufflement.

Rareté de l’offre agricole. Sur le foncier agricole, Agrifrance constate toujours une pénurie de l’offre de qualité. Malgré cela, si les prix progressent de 1 % par rapport à l’année précédente, à 5.345 euros par hectare, cette progression reste bien inférieure aux 5,1 % en moyenne observés sur les 10 dernières années. Benoît Léchenault, responsable d’Agrifrance, souligne néanmoins que ces prix « restent bien plus bas que dans d’autres pays d’Europe, comme l’Italie ou la Belgique, où ils peuvent atteindre 20.000 euros par hectare ». Avec ces niveaux de prix, le foncier agricole en France présente un rendement oscillant entre 2 et 4 %, auquel l’investisseur pourra rajouter l’appréciation du foncier. A noter cependant que les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) veillent, avec les outils dont elles disposent (et notamment leur droit de préemption), à éviter l’envolée des prix en France. Peu de chances donc que ces prix rejoignent à court terme les sommets de certains de leurs voisins européens.

Incertitudes sur le viticole. « Le secteur du vin contribue positivement à hauteur de 11 milliards d’euros au solde de la balance commerciale, et constitue le second secteur exportateur, derrière l’aéronautique, mais devant les produits de luxe », rappelle Benoît Léchenault. Il n’empêche, les vignes françaises, touchées par les aléas climatiques et les maladies qui peuvent en découler, ont connu une année 2013 difficile – particulièrement le bordelais – qui pourrait avoir des conséquences en 2014. En effet, les concurrents de la France sur le marché international du vin, comme l’Italie, l’Australie ou la Californie ont, de leur côté, connu une très bonne année de vendanges.

En moyenne, les prix des vignes ont donc plutôt stagné par rapport à 2012, à 130.000 euros par hectare, mais cette moyenne reste tirée par les prix très élevés des vignobles de Champagne (à 1,2 million d’euros, en moyenne, par hectare) et le très haut de gamme. « Hors Champagne, il faut garder à l’esprit que cette moyenne passe à 60.000 euros par hectare », précise Benoît Léchenault. Et l’année dernière, nous avons vu le prix des vignes de certaines appellations pourtant bien connues, comme Château-neuf-du-Pape, baisser de 3 ou 4 % », continue-t-il. Un aspect à prendre en compte car le rendement des vignes traditionnelle reste inférieur à 2 % et, sur le haut de gamme ou le Champagne, inférieur à 0,5 %. C’est donc bien souvent sur la revalorisation du prix des terres (qui a atteint 4,4 % en moyenne sur dix ans pour la vigne dans sa globalité et près de 15 % annualisés sur la même période pour les vignes d’exception) que les investisseurs doivent miser pour rentrer dans leurs frais. 

Rattrapage sur le bois. Pour la forêt, la situation est paradoxale : si les prix, à 4.000 euros par hectare, restent, selon Agrifrance, « très bon marché », le cours du bois a connu un rattrapage ces derniers mois. « Après une baisse continue depuis 4 ans, les prix du bois ont progressé, en moyenne, de 15 % en 2013 », explique Benoît Léchenault. Cela s’explique par le destockage des scieurs ces dernières années qui ont aujourd’hui parfois du mal à répondre à une demande, certes faible, mais continue. « Nous voyons par ailleurs se développer de nouvelles utilisations du bois, comme le bois énergie, ce qui nous fait penser que la tendance sur le marché du bois reste positive à moyen terme », continue le professionnel.

Coup de frein sur les propriétés d’agrément. Enfin, crise oblige, Agrifrance a constaté un fort ralentissement de la demande sur les propriétés d’agrément. « Les acheteurs sont devenus beaucoup plus sélectifs et l’offre a tendance à augmenter », précise Benoît Léchenault. Une situation d’autant plus problématique que, sur ce créneau, les biens qui restent en vente longtemps tendent à perdre leur caractère d’exception dans l’esprit des potentiels acquéreurs.