
Fidelity lance un fonds sur l’eau et les déchets

Le moment est bien choisi. Quoi de mieux, en effet, lorsque les marchés commencent à tanguer, que de proposer aux investisseurs des produits qui, plutôt que de se focaliser sur les résultats à court terme des entreprises, misent sur des tendances séculaires ? Car si les performances des fonds thématiques peuvent, au gré des cycles, parfois sous-performer le marché, de nombreux critères de bon sens militent pour que les fonds assis sur des mégatendances finissent par surperformer sur le très long terme. Il n’est pas étonnant donc que Fidelity ait décidé d’ouvrir à la commercialisation son nouveau fonds d’actions internationales lancé au mois de novembre dernier, Fidelity - Sustainable Water and Waste Fund, exposé, comme son nom l’indique, sur les thèmes de l’eau et les déchets.
Différenciation. Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un fonds s’intéresse à l’eau. Le produit Water, géré par Pictet, a par exemple été lancé il y a plus de 11 ans et compte plus de quatre milliards d’euros d’actifs sous gestion. Cependant, avec son nouveau véhicule, Fidelity compte se démarquer de la concurrence en intégrant la partie gestion des déchets. « Ce fonds apparaît comme le premier à investir de façon aussi marquée dans le secteur des déchets », déclare d’emblée Bertrand Lecourt, qui a rejoint la société en juin dernier. Et, toujours selon lui, « les deux thématiques de l’eau et des déchets restent intimement liées. L’histoire de l’eau est indissociable de l’histoire de la civilisation. Il n’y a pas d’économie sans eau. Par ailleurs, il n’y a pas d’économie durable sans gestion des déchets ». Le gérant illustre cette imbrication avec l’exemple du recyclage du plastique. « Après avoir collecté des bouteilles plastiques, par exemple, et avant d’en fabriquer de nouvelles, il faut les nettoyer, ce qui requiert une consommation d’eau importante. Or, depuis les années 50, l’utilisation du plastique n’a cessé de progresser. Ce matériau est partout et son recyclage, très consommateur d’eau, est devenu indispensable. L’eau et les déchets vont souvent de pair. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, jusque dans les années 2000, les sociétés qui les géraient étaient souvent les mêmes », explique Bertrand Lecourt.
Diversification. Si le fonds a vocation à rester concentré, en se positionnant sur environ 35 à 50 valeurs, le fait d’investir sur deux thèmes différents permet au gérant de diversifier son portefeuille ou de se concentrer sur une thématique en particulier. « Notre processus de gestion reste totalement lié au choix de valeurs et s’appuie sur une recherche propriétaire. Le fonds pourrait très bien être investi à 100 % sur des entreprises spécialisées sur les déchets ou à 100 % sur des entreprises dans le secteur de l’eau, même si la répartition type est constituée de 35 à 40 % par les déchets et de 60 à 65 % par l’eau ». Le gérant peut investir sur toute la chaîne de valeur de ces deux thèmes. Cela va, pour l’eau, des tests en laboratoires à la robinetterie et de la collecte au traitement pour les déchets. A noter par ailleurs que si le gérant peut se positionner sur des entreprises dans lesquelles le thème de l’eau et/ou des déchets représentent au minimum 40 % de la valeur de l’action, au global, ces deux thématiques constituent bien 80 % de son portefeuille.
Impact. Difficile d’aborder ces secteurs sans prendre en compte des critères d’investissement durable. Or, si le fonds veille à ce que 70 % de ses placements respectent des critères ESG mesurés par une équipe d’analystes dédiés, le gérant tient aussi à quantifier l’impact réel de ses investissements. Dans son reporting figureront donc bientôt des éléments très concrets, comme le volume d’eau usée traité ou le poids de déchets récupérés correspondant à l’exposition du fonds dans les différentes valeurs. Par ailleurs, la taille raisonnable des entreprises présentes dans le fonds (5 milliards de dollars de capitalisation en moyenne) et le poids du gérant dans l’industrie font que ce dernier peut durablement s’engager aux côtés des sociétés dans lesquelles
il investit pour qu’elles améliorent leurs objectifs de développement durable (les ODD, au sens de l’Organisation des Nations Unies).