
Coinbase cherche de nouveaux relais de croissance

Malgré son statut de plateforme la plus régulée du marché en grande partie grâce à sa cotation sur le Nasdaq depuis avril 2021, Coinbase pourrait être l’une des principales victimes du spectaculaire tour de vis réglementaire opéré par les autorités américaines depuis une quinzaine de jours.
En sanctionnant Kraken, la Securities and Exchange Commission (SEC) a refroidi les ardeurs du marché pour le staking, activité qui consiste à bloquer des cryptoactifs au sein d'une blockchain pour participer à sa sécurisation contre rémunération. Coinbase mise beaucoup sur cette activité et est actuellement le deuxième plus grand staker sur la blockchain Ethereum avec 1,7 milliard de dollars bloqués pour un rendement actuel d’un peu plus de 4%.
Parallèlement, la SEC a également présenté un plan visant à renforcer les normes réglementaires concernant le gardiennage de cryptoactifs, source aussi importante de revenus pour la plateforme dirigée par Brian Armstrong. L’ordre donné à Paxos de stopper l’émission du stablecoin de Binance par le Département des services financiers de l'État de New York (NYDFS) pourrait aussi relancer les débats autour de la réglementation des stablecoins aux États-Unis. D’autant plus que selon Reuters, la SEC menacerait de requalifier en valeur mobilière le stablecoin de Binance. Or, Coinbase participe à l’émission de l’USD Coin avec Circle, deuxième plus grand stablecoin du marché et pourrait aussi se retrouver sous la menace d’une requalification par le gendarme boursier américain.
Pont entre finances traditionnelle et décentralisée
C’est dans ce contexte que Coinbase a annoncé le 23 février le déploiement en version test de Base, un layer 2 sur Ethereum, réseau le plus utilisé de l’écosystème crypto. Ces sortes de seconde couche doivent permettre à cette blockchain d’augmenter le nombre de transactions par seconde tout en réduisant les frais d'échange, qui constituent une barrière à l’adoption importante. Et pour développer Base, Coinbase a choisi de travailler avec Optimism, actuellement en tête avec Arbitrum Polygon ou encore Starknet dans la course technologique pour développer ces secondes couches.
«A terme, avec ce layer 2, Coinbase veut clairement se placer comme l’une des passerelles incontournables entre le monde financier traditionnel et la crypto avec comme argument ses plus de 110 millions d’utilisateurs et ses produits destinés aux institutionnels», explique Stanislas Barthelemi, analyste finance décentralisée (DeFi) chez KPMG. «La plateforme peut espérer toucher des commissions sur les transactions qui seront réalisées via son outil et donc trouver une nouvelle source de revenus significative», complète-t-il. Le géant de la crypto a également annoncé travailler avec les protocoles de finance décentralisée parmi les plus importants de l’écosystème comme MakerDAO ou Aave en leur permettant d’y développer des outils financiers.
Ce lancement va également soulever de nouvelles questions réglementaires dans la mesure où Coinbase va ouvertement opérer dans l’univers décentralisé vis-à-vis duquel le régulateur peine encore à déterminer une hiérarchie des responsabilités pour chaque acteur.