
Cherche vue imprenable sur patrimoine

Simplifier le suivi de son patrimoine. Le crédo n’a rien de nouveau, mais continue de susciter des vocations. Plusieurs agrégateurs de comptes bancaires et de placements financiers se sont lancés ces dernières années, avec plus ou moins de succès. Finary, le petit dernier créé fin 2020, entend bien se faire une place en devenant l’agrégateur le plus complet du marché.
Exhaustivité
Actions, obligations, non coté, immobilier, métaux précieux, objets de collection… Finary affirme recenser l’intégralité des classes d’actifs existantes pour que ses clients puissent suivre l’ensemble de leur patrimoine en un clin d’œil. La jeune pousse répertorie même 9.500 crypto-monnaies, ce qui la distingue de plusieurs de ses concurrents. Les actifs immobiliers font eux l’objet d’une valorisation hebdomadaire grâce à un partenariat avec Price Hubble.
Cette analyse consolidée des patrimoines est présentée sous forme de graphiques pour plus de simplicité. Charge aux clients de faire la suite car Finary ne délivre pour l’instant pas de conseils d’investissement. Elle pointe uniquement les faiblesses des investissements de ses utilisateurs, comme l’impact des frais sur les performances de leurs placements. « Nous sommes une plateforme consultative, pas transactionnelle, défend Mounir Laggoune, co-fondateur de Finary avec Julien Blancher. L’utilisateur apprécie le fait que nous ne vendons pas de produits : il sait qu’il pourra trouver chez nous des données objectives. » Cela pourrait bientôt changer puisque Finary a obtenu un agrément de conseil en investissement financier (CIF). Conseil qui est, de l’aveu même de Mounir Laggoune, la « suite logique ». « Pour y arriver, il faut avoir des bases bien solides », précise-t-il. L’actualité lui donne raison.
L’agrégation ne fait pas toujours recette
Le 21 octobre dernier, son concurrent LaFinBox tirait le rideau. En cinq ans, la fintech n’aura pas réussi à transformer l’essai. Pas de quoi refroidir Mounir Laggoune pour qui la faillite de LaFinBox s’explique surtout par une question de timing. « Au moment de sa création, l’open banking n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui », argumente-t-il. La faillite de l’un n’est donc pas un mauvais présage pour l’autre. Pour appuyer ses dires, le jeune dirigeant souligne que son concurrent n’intégrait pas les cryptomonnaies alors qu’elles représentent 90 % des patrimoines des clients Finary. « Ce sont des actifs très volatiles, il faut donc pouvoir les suivre constamment », appuie-t-il.
Si sa solidité financière s’évaluera avec le temps, Finary a déjà la confiance des investisseurs. Elle a bouclé en mai dernier une levée de fonds de 2,2 millions d’euros auprès de Speedinvest avec la participation de Y Combinator, Kima Ventures et le cofondateur de Luko. Comme beaucoup de fintechs, ses dirigeants refusent de donner le nombre précis de clients. Ils évoquent une « dizaine de milliers » d’utilisateurs et cinq milliards d’euros suivis via leur agrégateur. Pour son développement, la plateforme mise sur le modèle « freemium » : une partie de ses fonctionnalités sont accessibles uniquement via un abonnement mensuel de 15 euros (15 % de ses clients auraient opté pour cette formule payante). Il s’agit de la seule source de revenus officielle puisque Finary se refuse à vendre les données de ses utilisateurs et à percevoir des commissions. « Nous avons prouvé que nous pouvions convertir des clients à un abonnement payant même si le produit est très jeune », se félicite son dirigeant qui dit être davantage dans une « logique d’acquisition de nouveaux utilisateurs que de génération de revenus immédiate ».
La jeune pousse voit les choses en grand et prévoit déjà de s’implanter au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie l’année prochaine. Surtout, ses dirigeants envisagent d’ajouter une corde BtoB à leur arc. « Nous sommes contactés quotidiennement par des banques, des family offices et des CGP déçus de leurs outils, confie Mounir Laggoune. Nous réfléchissons à comment nous pourrions travailler avec eux ».