
Bitcoin : tordre le cou aux idées reçues

Les 26 et 27 août derniers, se tenait au casino Barrière de Biarritz la seconde édition de Surfin Bitcoin, le salon dédié à la première cryptomonnaie organisé par la société Stackinsat. Pendant deux jours, professionnels et influenceurs se sont succédé sur scène pour en vanter les mérites et tenter de convaincre un public…déjà conquis. Le parterre était plutôt hétéroclite : des novices curieux (aussi appelés des « nocoiners ») mais aussi des investisseurs amateurs plus chevronnés. Beaucoup étaient même des « bitcoin maximalistes », des fans de la première heure, qui défendent la suprématie de leur cryptomonnaie préférée sur toutes les autres. A coup de conférences et de table-rondes, les intervenants ont tenté de casser certaines des idées reçues sur le BTC, notamment ses usages, sa règlementation et son empreinte carbone. Retour sur une plaidoirie...
Un actif spéculatif, mais pas que
« La spéculation est arrivée sur le bitcoin plusieurs années après sa création », a rappelé Gilles Cadignan, dirigeant de Woleet, société de protection de données utilisant la technologie du BTC. Créée en 2009 par Satoshi Nakamoto (un pseudonyme, le créateur ayant préféré rester anonyme), le bitcoin se devait d’être une nouvelle monnaie numérique, déconnectée des instances financières et de ses régulateurs. Grâce à elle, ses utilisateurs devaient pouvoir retrouver leur indépendance bancaire en se passant d’intermédiaires. Douze ans plus tard, force est de constater que le rêve de Satoshi Nakamoto est encore loin d’être réalisé, la défiance envers le bitcoin étant toujours très forte. Mais l’écosystème se structure et le nombre d’entreprises qui composent ses rangs ne cesse d’augmenter. D’autant qu’une grande étape est en passe d'être franchie.
Le 7 septembre prochain, le Salvador sera le premier pays au monde à accepter le bitcoin comme monnaie nationale, en parallèle du dollar US. Tous les agents économiques devront se mettre au diapason et ne pourront plus le refuser. Les plus réfractaires auront « l’option de convertir instantanément les bitcoins reçus en dollars, sans commission », a toutefois précisé le jeune président Nayib Bukele. Personnage clivant et souvent polémique, il est le premier politique à prendre une telle décision, très décriée et qui suscite beaucoup d’inquiétude de la part de la population et des économistes. Le projet présente pourtant des avantages que Nicolas Burtey n’a pas manqué de souligner sur scène. Le co-fondateur de Galoy (services financiers liés au bitcoin) a rappelé qu’une grande partie de la population du Salvador est toujours exclue du système bancaire classique et que cette initiative peut lui permettre de retrouver une indépendance financière. Il n’a toutefois pas manqué de relever un paradoxe : « Avec cette initiative, le bitcoin se politise alors qu’il a été créé pour être indépendant des instances politiques et financières », a-t-il souligné.
La régulation s'accroit
« On est à la fin d’une période far west. La démocratisation du bitcoin pousse à l’établissement de nouvelles règles notamment pour protéger les néophytes ». William O’Rorke, avocat du cabinet ORWL, est revenu sur scène sur le sujet de la règlementation. La régulation du bitcoin est sujette à beaucoup de critiques, notamment pour sa légèreté. Les règles pourraient pourtant bientôt changer. En septembre 2020, la Commission européenne a publié MiCa (pour « Markets in Crypto-Assets »), une proposition de règlement visant à encadrer davantage l’écosystème des crypto-actifs. Le texte ne devrait entrer en application qu’en 2024 mais il fait déjà beaucoup parler, notamment une de ses dispositions.
Alors qu’à présent, une nouvelle société doit demander un agrément dans chacun des pays dans lesquels elle souhaite s’implanter, MiCA permet aux acteurs d’obtenir un passeport européen unique. En contrepartie, les délais d’obtention s’allongent pour obtenir les autorisations des autorités locales (l'Autorité bancaire européenne et parfois même consultation de l'Autorité européenne des marchés financiers).