
Avertissement sans frais… mais pas sans taxe

Evaluée à 5.000 milliards d’euros, l’épargne investie par les Français dans des produits financiers serait-elle trop modeste ? Insuffisante pour que l’on décide de passer sous silence leur devenir ? En tout cas, il n’aura échappé à personne qu’à l’occasion du premier grand débat politique télévisé dans notre pays la semaine dernière, ayant permis à l’ensemble des candidats à une élection présidentielle – soit tout de même onze prétendants – de s’exprimer et de confronter leurs idées, aucun thème portant sur la fiscalité des placements n’était au programme. Sans doute le sujet a-t-il été jugé trop rébarbatif à une heure de grande écoute, compte tenu par ailleurs de sa complexité.
C’est quand même dommage. Cela aurait permis de rappeler que les ménages français ont une nature résolument « fourmi », avec un taux d’épargne d’environ 15 %, ce qui est une force sur le plan économique. Le choix de développer un tel thème aurait pu aussi participer à l’éducation économique qui manque tant à notre pays. Et, serait-on tenté de penser, à certains candidats au cours dudit débat dont les discours fleuraient bon parfois la rupture avec le capitalisme, une antienne des siècles passés. Il serait cependant injuste d’incriminer les seuls « petits » candidats en arguant de leur inexpérience, et passer sous silence quelques errements récents de prétendants aguerris aux joutes du pouvoir. A l’instar de cette « flat tax » qui, dans sa version initiale au sein des programmes d’Emmanuel Macron et François Fillon, aurait consisté à pénaliser les épargnants misant sur la durée pour leur placement... de long terme
Le message, quoi qu’il en soit, a été entendu à L’Agefi Actifs. Dans ce numéro, deux articles se veulent éclairants sur le sujet. Le premier n’a d’autre ambition que de poursuivre le débat de la semaine dernière et aborder le sujet clé oublié : la fiscalité et le traitement de l’épargne. Le second est lié à ce besoin criant de culture économique de nos compatriotes et qui constitue clairement un handicap pour notre pays. Les marchés sont d’ailleurs prompts à le pointer qui, au gré de « chamboule-tout » sondagiers, répercutent le doute dont ils ont horreur via un récent et net écart des rendements entre les dettes française et allemande. Dans ce contexte, le fruit de notre enquête dédiée aux formations universitaires en gestion de patrimoine est somme tout rassurant. Il démontre que le nombre des formations ne cesse de croître. Et leur qualité est excellente comme nos lecteurs peuvent s’en rendre compte lors de la publication des cas pratiques élaborés par des responsables de formation, voire des candidats à notre Grand Prix des Jeunes Diplômés.
Tout ceci contribue à améliorer positivement la connaissance, ce dont on ne saurait se plaindre. N’oublions pas que la fiscalité, l’épargne et les questions patrimoniales sont des sujets bien trop sérieux pour être laissés aux seuls politiques…