Assurance vie

Assurance vie : des rendements en baisse encore au programme

Après des taux de rendement moyens descendus à 1,8 % l’an passé, de nouvelles baisses sont attendues pour les fonds en euros en 2017
Le mouvement ne devrait pas s’estomper dans les prochains mois, de l’avis des professionnels du secteur
DR, Cyrille Chartier-Kastler, Président, Facts & Figures

Pas d’inversion de tendance cette année. A quelques semaines de la présentation par les assureurs des taux de rendement des fonds en euros, un sentiment global de repli prédomine toujours dans le secteur. Après avoir affiché 1,8 % en moyenne en 2016, contre 2,3 % l’année précédente selon la Fédération française des assurances (FFA), « on devrait être cette année sur l’hypothèse de taux moyens suivis de 1,48 % nets frais de gestion et brut de prélèvements sociaux », anticipe Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures et fondateur de Good Value for Money.

« Flat Tax » et hausse de la CSG : des retombées plus ou moins certaines
L'instauration de la « flat tax », ou prélèvement forfaitaire unique (PFU), apporte son lot d'incertitudes sur les fonds en euros en 2018. Encore en discussion au Parlement dans le cadre de l'examen du PLF 2018, le dispositif prévoit une taxation de 12,8 % hors prélèvements sociaux, soit 30 % au total, sur les encours nets supérieurs à 150.000 euros et 300.000 euros pour un couple. « Seuls les gros contrats sont donc concernés », résume Cyrille Chartier-Kastler. Mais c'est peut-être plus encore la hausse de la CSG, adossée au PFU et doit passer de 15,5 % à 17,2 % l'an prochain, qui est attendue au tournant. Sur les 1.683 milliards d'euros d'encours d'assurance vie comptabilisés en octobre 2017 par la FFA, plus de 1.300 milliards sont investis sur des fonds en euros, le reste en UC. « La grosse rentrée d'argent pour l’État se fera donc sur la hausse de la CSG, puisque celle-ci est prélevée tous les ans, lorsque sont crédités les intérêts sur la poche fonds en euros du contrat d'assurance vie », explique-t-on chez Fiducée Gestion privée. La hausse de la fiscalité devrait donc affecter tous les contrats, petits ou gros.

Un repli marqué que constate également le Cercle de l’Épargne, qui table pour sa part entre 1,4 et 1,5 % cette année. En cause, « le phénomène bancaire des fonds euros : plus les compagnies d’assurance ont acheté des obligations ces dernières années, plus le rendement a baissé et plus le poids des vieilles obligations diminue, puisqu’elles arrivaient à échéance et qu’elles sont remplacées par de nouvelles moins bien rémunérées », explique Philippe Crevel, directeur du think tank. Dans le même temps, certaines compagnies ont préféré « dissuader l’épargnant d’investir dans les fonds en euros, en servant des taux bas et en l’incitant à investir dans les unités de compte qui offrent de meilleurs rendements », ajoute Cyrille Chartier-Kastler.

 

Cyrille Chartier-Kastler, Président, Facts & Figures

 

Ainsi, pour les contrats en unités de compte, la performance devrait être au rendez-vous cette année. Après des années 2008 et 2011 de baisse, « on est depuis constamment en positif : 3,9 % l’année dernière et on devrait être au-delà de 5 % en 2017 », prévoit le Cercle de l’Épargne. Sur ce support, les rendements évoluent en fonction de la situation des marchés ; or ceux-ci se portent bien en ce moment, s’accordent les professionnels. En général, aujourd’hui, « en faisant une allocation d’actifs prudente voire équilibrée, on peut raisonnablement espérer des rendements supérieurs aux fonds en euros sur un horizon de placement d’au moins cinq ans », estime pour sa part Frédéric Tripier, conseil en gestion de patrimoine chez Fiducée Gestion privée à Reims.

Dans les mois à venir, peu de surprises sont attendues par les spécialistes. La poursuite du mouvement baissier sur les fonds en euros durera « peut-être encore deux ou trois ans », souffle-t-on au Cercle de l’Épargne. « Les taux de PB continueront à baisser tant que les taux longs – les OAT 10 ans – seront significativement plus bas que le rendement des portefeuilles obligataires des assureurs », abonde Julien Brami, directeur général d’Aviva Vie, assurance partenaire de l’Association française d’épargne et de retraite.

Des variations plus ou moins significatives de rendement devraient néanmoins s’observer au cas par cas, en fonction des compagnies et de la composition de leur portefeuille : « Si la compagnie d’assurance est en collecte nette, cela veut dire qu’elle a de l’argent à investir sur les marchés, indique Philippe Tripier. Dans la logique de fonctionnement d’un fonds en euros, elle va investir sur de la dette sécurisée : des emprunts d’État faiblement rémunérés et donc mécaniquement cela va diluer son portefeuille et tirer le rendement vers le bas », ajoute-t-il. Inversement, les sociétés qui sont plutôt en décollecte « vont sans doute un peu moins souffrir, puisqu’elles ne vont pas diluer leur portefeuille », conclut-il. Et donc avoir des rendements un peu plus élevés.