Amundi veut croire à un avenir prometteur pour les cryptomonnaies

Louis Tellier
Malgré les nombreuses faillites et scandales de ces derniers mois, Amundi infléchit sa position sur les cryptomonnaies et se montre optimiste concernant la capacité du secteur à aller au-delà des simples promesses.

Lors de la précédente étude sur le sujet, Amundi ne considérait les cryptomonnaies ni comme une monnaie ni comme un actif, au contraire des NFT (jeton non fongible) qu’elle qualifiait «d’investissable». En 2023, malgré les nombreuses faillites et scandales de ces derniers mois, la société de gestion se veut positive sur l’avenir «de cette classe d’actifs» dont les principales propositions de valeur restent «intactes», à savoir «la décentralisation et l’immuabilité des transactions». L’étude menée par Vincent Mortier et Tristan Perrier avertit tout de même que ce secteur devra «cesser d’être simplement prometteur et commencer à fournir des services clés à grande échelle à l’économie réelle».

Au-delà des cryptomonnaies comme classe d’actifs, Amundi souligne le potentiel de l’infrastructure blockchain pour «apporter des gains d’efficacité en termes de transactions et de gestion». Ce point de vue avait été partagé par le PDG de BlackRock Larry Fink début décembre lorsqu'il avait déclaré que les blockchains publiques comme Ethereum allaient «révolutionner» l’investissement via notamment la tokenisation des actifs financiers.

Un environnement macro-économique favorable ?

Pour étayer son propos, Amundi émet l’hypothèse d’une multiplication des passerelles entre le monde traditionnel et celui de la crypto avec la mise sur le marché de nouvelles offres d’investissements aussi bien à destination des institutionnels que des particuliers. L’émergence de points de contacts entre les deux mondes pourrait être favorisée par les États à l’échelle mondiale dont certains verraient comme une opportunité l’intégration de bitcoins à leurs réserves en légalisant la reine des cryptomonnaies comme le Salvador.

L’étude cite même «certains pays producteurs d’énergies» qui pourraient se lancer «dans le minage de cryptomonnaies», essentiellement bitcoin depuis le changement de consensus de la blockchain Ethereum. Certaines sociétés pétrolières mènent des expérimentations avec le minage de cette crypto notamment pour réduire le gaspillage lié au torchage du gaz naturel. Certains États réfléchissent à utiliser les cryptomonnaies «pour le commerce bilatéral ou pour échapper aux sanctions». L’Iran a multiplié les déclarations en ce sens ces derniers mois.

Même si, sous la pression du développement des cryptomonnaies, certaines Banques centrales comme la BCE cherchent à lancer leur monnaie numérique de banque centrale (MNBC), leur émergence pourraient finir par profiter aux cryptomonnaies en accélérant leur croissance par l’émergence de nouveaux usages.

Si l’inflation reste élevée sans accélérer, l’environnement serait alors favorable pour le bitcoin, «dont l’offre est finie et qui a une longue durée par essence». Cette thèse rejoint notamment celle régulièrement exposée par le fantasque Michael Saylor qui considère cette cryptomonnaie comme de l’or numérique.

Un avenir prometteur

Pour Amundi, la crise traversée par le secteur va permettre de «séparer le bon grain de l’ivraie et permettre aux projets viables de continuer à se développer». La société de gestion cite en exemple le krach Internet de 1999-2000 et souligne la résilience du secteur. «La DeFi (finance décentralisée) a généralement continué à bien fonctionner […] Les interruptions des processus de transaction des blockchains grand public n’ont été que très temporaires», explique l’étude qui cite également l’entrée de BlackRock au capital de Circle, l’émetteur du deuxième plus grand stablecoin du marché, l’USD Coin et l’intégration de sa plateforme Aladdin à Coinbase, plus grande plateforme d’échanges de cryptomonnaies du marché américain. La crédibilité du secteur s’est également améliorée en matière d’ESG avec le changement de consensus de la blockchain Ethereum.

Autre signe en faveur du développement des cryptomonnaies: la nécessité d’une régulation, «alors qu'il y a deux ans, l'interdiction pure et simple des cryptomonnaies dans les grandes économies avancées était encore considérée comme une possibilité, les régulateurs ont finalement choisi de ne pas s'engager dans cette voie», constate Amundi pour qui ce n’est désormais qu’une question de temps avant de voir apparaître des réglementations qui feront paraître «le marché plus sûr».