
Amundi pourrait consacrer 2 milliards d'euros à sa croissance externe

Amundi a dévoilé ce mercredi les objectifs de son plan moyen terme à horizon 2025. La filiale du groupe Crédit Agricole, qui a récemment dépassé les 2.000 milliards d’euros d’encours sous gestion, vise une croissance annuelle moyenne du résultat net ajusté de 5% sur la période 2022-2025, hors opérations de croissance externe. L’objectif est similaire à celui de son plan moyen terme 2018-2022, dont la croissance annuelle moyenne du résultat net ajusté a finalement atteint 7%.
Les trois quarts de cette croissance espérée par Amundi entre 2022 et 2025 devraient provenir du développement d’activités cœur de gestion d’actifs et le reste du développement d’activités dont Amundi Technology, sa plateforme d’investissement Alto et la plateforme de distribution de fonds B2B Fund Channel.
Amundi annonce aussi qu’il maintiendra son taux minimum de distribution du dividende ordinaire à 65% - soit environ 3 milliards d’euros de dividendes ordinaires cumulés attendus entre 2022 et 2025 – sans se fixer de plafond maximum. Le gestionnaire se laisse ainsi la «flexibilité» de rendre un capital excédentaire attendu de 2 milliards d’euros d’ici 2025 à travers une distribution exceptionnelle si jamais il ne trouve pas d’opportunité de croissance externe, cohérente avec ses critères d’acquisition, à financer.
Lors d'une présentation du plan à la presse ce mardi, la directrice générale d’Amundi, Valérie Baudson, s’est montrée confiante sur la réalisation de ces objectifs malgré les mois « difficiles » à venir. La firme a vu son cours à la Bourse de Paris baisser de plus de 31% depuis le début de l’année. «Le cours a beaucoup baissé à cause du contexte géopolitique et économique. Nous sommes un peu déçus car il ne reflète pas toute la valeur et la résilience du modèle d’Amundi», a analysé Nicolas Calcoen, directeur général délégué d’Amundi.
Expansion tous azimuts
Pour affirmer sa pleine valeur et alimenter sa croissance à moyen terme, Amundi entend se renforcer sur tous les aspects : implantation géographique, expertises, services et clientèles. En matière de territoires, la société de gestion veut « amplifier » son leadership en Europe, consolider sa position aux Etats-Unis et être un acteur de premier plan en Asie, région dans laquelle elle vise toujours 500 milliards d’euros d’encours gérés en 2025 (contre 372 milliards fin 2021). « Nous sommes loin d’être leaders partout en Europe, notamment en Allemagne et en Europe du Nord», a concédé Valérie Baudson.
Evoquant l’Asie, elle a indiqué qu’Amundi continuera de capitaliser sur sa plateforme globale pour les pays les plus « internationalisés » de la région comme le Japon ou Singapour. L’introduction en bourse de SBI Funds Management Private Limited, la joint-venture indienne d’Amundi avec SBI, est par ailleurs toujours prévue pour 2022 mais l’environnement actuel n’est pas favorable à une telle opération, souligne Valérie Baudson. La firme surveille aussi « en permanence » la situation géopolitique en Chine (les tensions sino-américaines liées à Taïwan) mais évoque un risque « limité à ses capitaux propres, étant une activité d’investissement et non de financement ».
Attentes climatiques
En parallèle, Amundi veut croître sur tous ses segments de clientèle, notamment celui des distributeurs tiers. Le gestionnaire se fixe un objectif de 400 milliards d’euros d’encours à 2025 sur ce segment (contre 324 milliards à fin 2021) et l’ambition de figurer dans le top 5 mondial des partenaires stratégiques, via des partenariats sur mesure.
Côté produits, Amundi table notamment sur une hausse de 50% de ses encours dans la gestion passive d’ici à 2025 par rapport à septembre 2021 (282 milliards d’encours, ndlr) et souhaite jouer les premiers rôles dans l’accessibilité des particuliers aux stratégies d’actifs réels avec 90 milliards d’euros d’encours visés en 2025 (contre 63 milliards fin 2021). Amundi mise entre autres sur les fonds d’investissement de long terme européens Eltif.
Amundi sera également très attendu en matière d’engagements climatiques d’ici à 2025. La firme, qui avait présenté ses ambitions à horizon 2025 dans ce domaine en décembre 2021, a vu sa résolution Say on Climate être soutenue à 97% lors de sa dernière assemblée générale en mai. Parmi ses objectifs, Amundi veut dialoguer avec un millier d’entreprises supplémentaires sur le climat et renforcer son offre d’investissement responsable sur tous ses produits et services. Cela passera par la création d’une gamme « transition net zéro » et un objectif de 20 milliards d’euros d’encours en investissements à impact. Valérie Baudson s’est dite « très confiante et sereine dans l’intégrité des process ESG et dans la robustesse des analyses et outils de gestion de risque ESG d’Amundi » en réponse à une question sur les déboires en matière de finance durable de son concurrent allemand DWS.
Enfin, Amundi veut devenir «un fournisseur de premier plan de technologie et de service sur toute la chaîne de valeur de l’épargne». Il compte donc faire bondir les revenus d’Amundi Technology de 36 millions d’euros en 2021 à 150 millions d’euros en 2025. Le gestionnaire a aussi pour ambition de développer sa plateforme de distribution de fonds B2B, Fund Channel, via entre autres un nouveau partenariat commercial et industriel avec Caceis. Son objectif est d’atteindre plus de 600 milliards d’euros d’actifs distribués en 2025 (contre 330 milliards à fin 2021).
Pour se développer, le gestionnaire d’actifs, qui vient de digérer l’intégration du fournisseur d’ETF Lyxor début juin, s’appuiera aussi sur sa politique de croissance externe. Grand consolidateur de la gestion d’actifs en Europe, Amundi s’impose néanmoins certains critères pour de nouvelles acquisitions. Celles-ci devront accélérer la croissance organique, être cohérentes avec les priorités stratégiques de la firme. Elles devront aussi comporter un risque d’exécution limité et afficher un retour sur investissement supérieur à 10% dans les trois ans, synergies comprises.