Obligations

Amiral gestion lance un fonds de bond-picking

La société de gestion, connue pour son expertise sur les actions, lance un nouveau produit obligataire
Ce fonds n’a pas d’indice de référence et restera très peu sensible à l’évolution des taux sans risque
DR, Jacques Sudre, Gérant à Amiral Gestion

Taux au plus bas, obligations d’entreprises de bonne qualité et à haut rendement très bien valorisées… les arguments qui pourraient dissuader les gestionnaires d’actifs à lancer maintenant un produit obligataire sont nombreux. Pourtant, Amiral Gestion, qui a dépassé les 3,5 milliards d’euros sous gestion et à l’origine connue pour ses fonds d’actions centrés sur la sélection de valeur (stock-picking), vient de lancer au mois d’avril dernier Sextant Bond Picking, un fonds d’obligations internationales. Pourquoi avoir choisi cette période, pourtant délicate pour la classe d’actifs ? Le message de Jacques Sudre, qui gère le fonds avec David Poulet, est clair : « Nous voulons être prêts lorsque de meilleures opportunités se présenteront sur les marchés obligataires ». Le gérant est donc aujourd’hui plutôt dans une position d’attente et, sur les 45 millions d’euros que son produit a déjà collectés en quelques mois, seule la moitié a été investie.

Univers large. Le fonds laisse une liberté presque totale aux gérants. Ces derniers peuvent investir sur toutes les zones géographiques (même si les émergents ne peuvent pas constituer plus de 30 % du fonds) et se positionner sur des actifs présentant tout type de notation, y compris les émissions non notées. « Nous estimons que la notation n’est ni un critère suffisant pour investir, ni un bon moyen de contrôler les risques. D’ailleurs, les notes apparaissent souvent comme un indicateur retardé de la qualité d’un titre ou d’un émetteur », précise Jacques Sudre. Le fonds a ainsi vocation à investir aussi bien sur des obligations de haut rendement non notées que sur des emprunts d’Etat (même s’il n’en a pas aujourd’hui dans son portefeuille) ou des obligations d’entreprise de meilleure qualité (investment grade). Il peut intégrer des subordonnées bancaires, des obligations convertibles, mais aussi des actions qui présentent un profil obligataire (pour 10 % maximum de son portefeuille). Le gérant ne veut pas classifier son fonds, car il peut changer d’orientation en fonction de la conjoncture, mais aujourd’hui, vu sa composition - en très grande majorité des obligations d’entreprises - et le rendement de ses participations (plus de 5 % en moyenne, soit pour le fonds, compte tenu des sommes investies, un rendement d’environ 3 %), il pourrait être assimilé à un fonds de haut rendement.

Pas de pari macroéconomique. Partant d’un univers d’investissement très large, le fonds est géré de la même manière que le sont les autres produits de la maison et s’appuie exclusivement sur les choix de valeurs, sans visions macroéconomiques. « Nous sommes bien conscients que la période pourrait être meilleure sur la classe d’actifs », concède le gérant, « et que le risque de déception est important sur l’évolution des taux d’intérêts, mais nous ne prenons aucun risque concernant une possible hausse des taux ». Actuellement le fonds présente ainsi une sensibilité aux taux d’intérêt de seulement 1,3 en étant investi sur des obligations de court terme. De la même manière qu’il n’essaie pas d’anticiper la macroéconomie, le gérant ne fait pas non plus de pari concernant l’évolution des changes, il couvre donc la plupart de ses positions en devises.

Un processus inspiré des actions. Une des originalités de ce processus de gestion est que, outre les analyses effectuées par les deux gérants du fonds, il s’appuie en partie sur une vision collégiale des investissements, comme c’est déjà le cas chez Amiral ou chez d’autres gérants, souvent spécialisés sur les actions. Après s’être livré à une analyse des titres qu’ils veulent intégrer en portefeuille et leur avoir attribué une note de qualité, les gérants présentent leurs idées d’investissement à l’équipe de gestion (20 personnes sur les 35 que compte la société) et défendent leurs positions si ces choix ne font pas l’unanimité. Les décisions sont évidemment in fine prises par Jacques Sudre et David Poulet, mais auront le mérite d’avoir été confrontées à la vision des autres gérants de la société.