Un acteur de la rénovation énergétique demande à ajuster MaPrimRénov'

La fintech Heero souligne que les rénovations globales avec le dispositif actuel sont rares.

MaPrimRénov' nécessite encore un tour de vis pour faire une véritable différence dans la transition énergétique. C'est en tout cas ce que pense la fintech spécialisée dans la rénovation énergétique Heero, qui souligne que les rénovations globales sont encore très rares.

 «Depuis début 2022, la plateforme Heero a chiffré plus de 10 000 projets de rénovation, représentant 100 millions d’euros de travaux de rénovation énergétique pour un total d’environ 23 millions d’euros d’aides et primes, soit un montant moyen de travaux de 10.000 euros pour 2.300 euros d’aides, témoignant du fait que les rénovations globales sont encore très (ou trop) rares», pointe la fintech. 

Le constat avait déjà été dressé par l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) qui soulignait dans une étude parue en février que la rénovation globale n'était pas viable économiquement pour les particuliers et que la plupart des opérations de rénovation n'étaient pas alignées avec la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). 

Manque de ciblage des travaux nécessaires

Les travaux sont souvent isolés - notamment ou un changement de fenêtre - et parfois réalisés dans le désordre. Le dispositif MaPrimRénov' oublie l'isolation des combles perdues, un geste prioritaire pour éviter la déperdition d'énergie dans le logement selon Heero. «Concernant l’isolation par l’extérieur, nous observons qu’en moyenne ce type de travaux porte sur une surface de 120 m² alors que le dispositif MaPrimeRenov’ plafonne à 100 m² », ajoute-t-elle.

Absence d'harmonisation avec les CEE

MaPrimeRénov' manque par ailleurs d'harmonisation avec le dispositif des certificats d'économies d'énergie, une autre aide dont peuvent bénéficier les particuliers qui améliorent l'efficacité énergétique de leur bien. «Dans le cadre du dispositif MaPrimeRenov’, une rénovation est considérée comme globale et prise en compte à condition de diminuer la consommation annuelle d'énergie d'au moins 55% alors que dans le dispositif des Certificats d’Economies d’Energie une rénovation est considérée globale si l’impact est de 35% sur la consommation annuelle d’énergie», indique Heero.

Un délai de réalisation des travaux trop contraint

Un frein supplémentaire à la bonne compréhension des propriétaires et à la mise en action, doublé du délai contraint que MaPrimRénov' impose pour la réalisation des travaux. Deux ans, dans un contexte de pénurie de matériaux et de faible disponibilité des artisans, c'est un peu juste. D'autant plus que les 52.000 professionnels labélisés RGE (reconnu garant de l'environnement), seuls à pouvoir réaliser les travaux dans le cadre du dispositif, sont peu en nombre au regard de la demande. Ils sont présents surtout autour des grandes aires urbaines avec des logements récents et donc plus performants que dans les régions rurales ou montagneuses, où les passoires énergétiques sont les plus nombreuses, à l'inverse des professionnels. 

MaPrimRénov' bénéficie d'un budget revu à la hausse dans le projet de loi de Finances 2023, passant de 2 milliards d'euros à 2,5 milliards d'euros.