
Taux immobiliers: pourquoi la pente va bientôt s'inverser

Toutes les bonnes choses ont une fin. La baisse des taux immobiliers semble bel et bien terminée et la courbe devrait amorcer très bientôt une remontée. De nombreux professionnels s'accordent désormais à le dire après avoir annoncé une stagnation des taux au début du mois de novembre (une première depuis un an), à l'image des courtiers Immoprêt et Vousfinancer.
Pour le moment, ils sont encore très bas, à 1,33% en moyenne, toutes périodes confondues, selon les dernières statistiques publiées par l'Observatoire Crédit Logement-CSA, en repli de 0,10 point sur un mois. Ce qui représente une division des taux par quatre depuis début 2000, précise l'Observatoire.
Mais selon de nombreux courtiers, cette baisse est terminée en raison de plusieurs facteurs. Curieusement, l'un des plus marquants est lié à l'élection de Donald Trump. Le choix du milliardaire pour accéder à la Maison Blanche a eu pour effet de faire brusquement remonter les rendements des emprunts d'Etats américains et européens par effet d'entraînement. Le T-Note (l'emprunt américain à 10 ans) a bondi de 1,8% à 2,2% après les élections américaines. En France, alors qu'avant le scrutin américain l'OAT affichait un rendement à 0,4%, le «dix ans» français a brusquement touché 0,83% au lendemain des élections américaines.
L'autre facteur tient aux anticipations de hausse de l'inflation en zone euro. Au point mort depuis le début du programme de rachat de dettes de la Banque centrale européenne (BCE) il y a bientôt deux ans, la hausse des prix a atteint 0,5% en octobre en rythme annuel, son plus haut niveau depuis plus de deux ans. Nous sommes certes loin de l'objectif des 2% fixé par l'institution (il sera atteint en 2018 voire en 2019) mais le frémissement est bien présent. Ce qui pourrait mener la BCE à un début de resserrement monétaire qui débuterait par un tarissement du rachat de dettes sur les marchés.
Le contexte réglementaire peut également expliquer la progression des taux à venir. «Alors qu’elles sont déjà en difficulté, les lois Hamon, déjà appliquée, et Sapin II, qui arrive, vont également rogner leurs marges sur l’assurance emprunteur», explique le courtier Cafpi. Pour rappel, la loi Sapin II ouvre le champ à la résiliation annuelle de l'assurance de prêt, une très mauvaise nouvelle pour les banques. «Afin de préserver leurs marges, elles se trouvent donc contraintes d’augmenter leur taux, même si cette hausse devrait rester assez faible, pour atteindre +0,5% d’ici à la fin de l’année.»
«Les premières remontées pourraient être pratiquées dès le mois de décembre et se poursuivre progressivement début 2017 sans que ce mouvement ne soit brutal. Les banques ont des objectifs de production de crédit pour 2017 équivalents à ceux de 2016 qui s’annonce déjà comme une année record», analyse Jérôme Robin, le président de Vousfinancer.com.