Passage de relais dans la continuité à la Fnaim

Gaetan Pierret
Son nouveau président élu Loïc Cantin a profité du colloque annuel de la Fédération pour présenter sa feuille de route aux adhérents, devant le ministre du logement Olivier Klein.
Loïc Cantin, nouveau président de la Fnaim, lors de son discours au congrès de la Fnaim.

Changement de personne, mais même combats. La Fédération nationale des agents immobilier (Fnaim) organisait son congrès annuel les 5 et 6 décembre au Carrousel du Louvre à Paris. L’occasion de mettre en scène le passage de relai entre ses deux présidents. Elu en octobre, Loïc Cantin succèdera le 1er janvier prochain à Jean-Marc Torrollion à la tête de la Fédération. Il s’est adonné au traditionnel discours présidentiel, revenant sur les principaux chevaux de bataille du syndicat, devant un parterre d’adhérents déjà acquis et le ministre du Logement Olivier Klein, qui avait fait le déplacement.

Exonérer les retraités qui auront rénové  

Dans le fond, pas de changements donc. Loïc Cantin continuera de porter le fer contre la loi Climat et son calendrier d’interdiction progressive des passoires thermiques à la location. «Les bailleurs privés ne pourront pas supporter la charge des travaux car ils subissent déjà une hausse de leurs taxes foncières et la baisse de leur rendement locatif, a-t-il appuyé sur scène. Conséquences : des logements G seront vendus à des acquéreurs occupants qui ne seront pas tenus d’effectuer des travaux. Quel bénéfice pour le climat ?»

Il a également rappelé que la Fnaim avait déjà fait des propositions à Olivier Klein et sa prédécesseur, Emmanuelle Wargon, visant à aménager le calendrier. Sans succès. Loïc Cantin a toutefois fait une nouvelle proposition : exonérer d’impôts sur les revenus locatifs, une fois à la retraite, les bailleurs qui auraient engagé des travaux de rénovation. L’idée est de les encourager à rénover pour avoir des revenus complémentaires une fois retraités plutôt que de vendre leur bien. «Les propriétaires ont souvent peur de s’endetter pour faire des travaux, a-t-il avancé. On ne manque pas de logements, mais de dispositif pour réduire la vacance.»

Olivier Klein lui a répondu en soulignant la nécessité d’accélérer la rénovation du parc locatif. «La loi Climat a mis en place des échéances claires et ambitieuses. Les inquiétudes sont légitimes, mais d’autres disent que l’on ne va pas assez vite et je les comprends aussi, a-t-il relevé. Ceux qui vivent dans ces passoires attendent quelque chose qui leur a été promis : ne plus avoir froid l’hiver chez eux, chaud l’été, ne plus avoir d’humidité, ne plus avoir de problèmes respiratoires. Tenir le calendrier c’est tenir cette parole».

Affirmant vouloir sonner la «mobilisation générale», il a aussi annoncé lancer dès début 2023 une feuille de route pour les propriétaires bailleurs. Elle serait le fruit d’une concertation menée par le gouvernement entre opérateurs, banques, notaires, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) et des professionnels de l’immobilier. Objectif : mettre sur pied un plan d’action qui doit permettre aux bailleurs d’accélérer la rénovation de leurs logements.

Du Pinel pour les acquéreurs occupants

Loïc Cantin est également revenu sur les difficultés d’accession à la propriété, notamment côté financement. «Aidez-nous monsieur le Ministre» à convaincre la Banque de France d’augmenter le taux d’usure, a-t-il lancé à l’adresse d’Olivier Klein. Dans ce domaine aussi le président de la Fnaim a tenu à faire des propositions, qui ont certes peu de chance de se concrétiser mais qui ont le mérite de faire dans l’original.

Il a notamment suggéré de permettre aux acquéreurs occupants de bénéficier des réductions d’impôt du Pinel, aux mêmes conditions et ce jusqu’à l’extinction du dispositif fin 2024. Cette réduction s’appliquerait sur leur impôt sur le revenu (et non leurs revenus locatifs puisqu’il n’y en aurait pas). «Les dispositifs d’aide aux investisseurs locatifs se succèdent depuis 36 ans, mais aucune mesure d’accompagnement n’est proposée aux candidats acquéreurs !» a affirmé Loïc Cantin. L’objectif serait de rendre l’acquisition dans le neuf moins cher et de soutenir le secteur en difficulté par la même occasion.

Enfin, une autre idée avancée concerne directement le financement des ménages. Loïc Cantin a suggéré le retour de la portabilité des prêts. Une solution qui se concrétiserait de deux manières. Première configuration : un propriétaire qui vend son bien pourrait conserver son prêt initial pour financer en partie sa prochaine acquisition et donc bénéficier des taux d’intérêt déjà négociés en conservant l’amortissement de capital réalisé.

Deuxième configuration : le prêt pourrait rester attaché au bien. Auquel cas, un vendeur qui ne rachète pas de nouveau bien derrière (en raison d’un départ à la retraite par exemple) pourrait laisser l’ardoise restante à l’acquéreur. Cette idée ne trouve de l’intérêt que dans un contexte de remontée des taux d’intérêt. L’objectif est de permettre aux acquéreurs de bénéficier d’un contexte de marché dans lequel ils auraient été plus bas.

Silence radio sur la location de courte durée

Loïc Cantin s’est montré moins loquace sur le sujet des logements qui sortent du parc locatif pour terminer sur Airbnb. Pas un mot sur scène ni une proposition pour stopper l’hémorragie de biens qui partent dans la location de courte durée…Et qui creusent le déficit de logements à louer.

En petit comité, il reconnait le sujet, mais renvoie la patate chaude au gouvernement qui doit réglementer ce secteur qui pour l’instant est hors cadre. Il faut dire que le terrain est glissant pour la Fnaim, dont les adhérents se retrouvent parfois à gérer les biens de leurs clients en location courte durée.

Un temps épargné par la loi Climat, ces logements devraient finalement être concernés par le calendrier de rénovation. Olivier Klein en a fait l’annonce il y a quelques semaines, disant vouloir éviter que les F et G ne terminent sur Airbnb plutôt que d’être rénovés. Les textes d’application officiels se font encore attendre.