
Logement neuf : les prix flambent… et ça devrait continuer !

Acheter un logement neuf c’est souvent très long…mais aussi très cher ! Le Laboratoire de l’immobilier, service d’études de la plateforme Theseis, a publié ce jeudi 19 mai la sixième édition de son baromètre des prix du neuf (1).
Pour s’offrir un appartement neuf, les Français devront débourser en moyenne 5.250 euros/m² dans les communes de plus de 45.000 habitants. Un an plus tôt, ils n’en auraient eu «que» pour 4.900 euros, soit un bond de 7%. Et non seulement la hausse est forte, mais en plus elle accélère. Le baromètre de novembre dernier relevait une hausse de 5,7% seulement sur un an. «Des difficultés d’approvisionnement, une hausse du prix des matériaux et de l’énergie, la mise en œuvre de nouvelles normes environnementales… tout a contribué au soutien des prix du neuf», explique Kevin Brulin, chargé d’études du Laboratoire de l’immobilier qui juge «peu probable» un «assouplissement des contraintes».
Coup de chaud dans les grandes villes
Derrière la moyenne, des disparités importantes entre les villes. Les hausses les plus importantes ne sont pas du côté des agglomérations les plus grandes. Le «top 15» du Laboratoire n’enregistre ainsi qu’une hausse moyenne de 6,1%, légèrement moins que la moyenne nationale. «L’attrait des ménages pour les villes moyennes ne s’est donc pas traduit par une baisse des prix dans les principales métropoles régionales mais par un léger ralentissement de la hausse», conclut le Laboratoire.
Les prix flambent particulièrement à Bordeaux (+7%) et Paris (+7,1%). Le prix moyen du neuf dans la capitale s’établit désormais à 13.150 euros/m². «Les nouveaux programmes se concentrent toujours dans les arrondissements périphériques, moins chers que le cœur de la capitale, mais même le populaire 18ème arrondissement a fini par franchir la barre des 11.000 euros/m²», indique le Laboratoire.
La banlieue n’est pas épargnée par le coup de chaud sur les prix. Levallois-Perret et Boulogne-Billancourt s’imposent comme les deux villes les plus chères de la Petite couronne, avec respectivement 12.542 euros/m² et 12.512 euros/m². Issy-les-Moulineaux ferme la marche : avec un bond de 4,3% en un an, son prix au m² moyen dépasse pour la première fois les 10.000 euros. Pour rester proche de la capitale à moindre coût, il faudra plutôt regarder du côté de la Seine-Saint-Denis, dont les prix sont plus abordables (4.000 euros/m²).
Selon le baromètre, la hausse des prix des villes du top 15 s’est accélérée depuis novembre 2021. «Les grandes métropoles ont peut-être perdu la première manche de la qualité de vie face aux villes moyennes, mais elles conservent un très fort pouvoir d’attraction en termes de formation, d’emploi ou d’offre culturelle, ce qui contribue à soutenir la demande et les prix» poursuit Kevin Brulin.
La province tente de rattraper son retard sur la région parisienne
Hors Ile-de-France, la flambée des prix est encore plus forte. Les communes de plus de 45.000 habitants enregistrent une hausse de 7,8% en un an (4.638 euros/m²).
«Au cours des douze derniers mois, nous avons observé une forte progression des prix sur les communes les plus accessibles, comme Dunkerque (+7,9 %), Vannes (+7,9 %), Mulhouse (+6,8 %), Tourcoing (+6,1 %) ou encore Perpignan (+5,8 %), indique Kevin Brulin. La contagion de la hausse des prix du neuf n’épargne désormais aucune commune».
Annecy, ville la plus chère de province, affiche ainsi un prix moyen de 7.027 euros/m², malgré une hausse modérée de 3,5% en un an. Elle est suivie d’Antibes (6.722 euros/m²), Aix-en-Provence (5.874 euros/m²), Villeurbanne (5.775 euros/m²) et Cagnes-sur-Mer (5 ;661 euros/m²), qui présentent toutefois des augmentations oscillant entre 4,5% et 5,9%. Les communes les plus accessibles se cachent dans le Nord de la France : Tourcoing et Dunkerque affichent des prix moyens de 3494 euros/m² et 3.333 euros/m².
D’autres hausses à venir
Franck Vignaud, directeur du Laboratoire de l’immobilier, prévient : «Il faut s’attendre à de nouvelles augmentations !». Et la raison n’est autre que l’entrée en vigueur de la nouvelle norme environnementale RE2020, désormais obligatoire pour les permis de construire déposés par les promoteurs depuis le 1er janvier 2022. Elle a pour objectif de les pousser à construire des logements plus vertueux énergétiquement mais est aussi plus couteuse. Pour l’instant, le marché n’a pas encore pris en compte ce coût supplémentaire. Ses effets «commenceront à se faire sentir dans le courant du second semestre 2022 lorsque les opérations autorisées en début d’année seront commercialisées», prévoit Franck Vignaud. «La forte hausse que nous avons mesurée ne prend donc pas encore en compte l’implémentation de la RE2020», observe-t-il.