
Logement neuf : les investisseurs particuliers fuient le marché

Seule l'accession résiste encore. Pour le reste, le deuxième trimestre 2022 s'inscrit pour le logement neuf dans la droite lignée des précédents. Catastrophique. Les chiffres de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) montrent, par rapport à l'année précédente, une baisse des ventes de 42,3% pour les ventes en bloc et de 16,8% des ventes au détail.
La chute des ventes au détail est enrayée grâce aux réservations des propriétaires occupants qui ne reculent que de 8,2%, alors que celles des investisseurs diminuent de 25,9%. Avec pour résultat un déséquilibre de la répartition du marché en faveur des premiers (44% contre 56%). Du jamais vu depuis 10 ans, d'après Pascal Boulanger, président de la FPI : «La répartition est habituellement de 50/50. La volonté gouvernementale de réserver le logement intermédiaire aux institutionnels - en témoigne le Pinel + - donne ce résultat à la moindre tempête.»
La forte baisse côté ventes en bloc fait craindre une diminution corrélative des logement sociaux car les bailleurs «se voient imposer des chartes par les collectivités territoriales qui plafonnent le prix d’acquisition alors que les promoteurs doivent faire face au phénomène de hausse de coût des matériaux», poursuit Pascal Boulanger.
Source : FPI
Plus de permis délivrés, mais...
Le nombre d'autorisations de logements collectifs dépasse 60.000, un seuil plus atteint depuis 2019 (+23% sur un an). «Les chiffres sont positifs, on se rapproche 500.000 logements annuels nécessaires pour faire face à la pénurie», estime Didier Bellier-Ganière, délégué général de la FPI. Mais cette hausse artificielle est encore une fois la résultante de l'accélération des demandes avec l'entrée en vigueur de la réglementation environnementale RE2020 au 1er janvier 2022. Un épiphénomène provoqué par des promoteurs voulant éviter un travail de réactualisation de leurs dossiers après l'échéance.
Cette embellie ne se retrouve d'ailleurs pas dans les chiffres de mises en vente, en diminution de 10,5% sur le trimestre et de 14,6% sur le semestre. «La baisse est moins importante qu'au premier trimestre, mais hors période Covid, cela reste l'un des pires trimestre depuis six ans», assure Didier Bellier-Ganière.
«Elle s'explique en majorité par l'action des maires qui ne signent pas de nouveaux permis sous la pression de leurs administrés, pointe Pascal Boulanger. Pour le reste, nous n'avons pas encore de statistiques car cette tendance est récente mais beaucoup d’opérateurs stoppent des opérations pour raisons économiques. La commercialisation démarre mais la réponse aux appels d’offres n’est pas bonne.» L'envolée du coût de la construction, estimée initiallement à 50% du prix de revient, grignote les marges des promoteurs qui préfèrent mettre en stand-by certaines opérations.
Conséquence logique, la légère remontée de l'offre commerciale (soit le stock disponible en fin de période) qui suivait depuis 2018 une baisse tendancielle de 26,9% n'est pas tant le fait d'un regain de l'offre nouvelle que de la forte baisse des vente.
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, s'est dit prêt à revenir sur les décrets d'application de la loi Climat et Résilience en ce qui concerne l'objectif de «Zéro artificialisation nette» (Zan). Dans une circulaire envoyée en août aux préfets que Les Echos ont pu consulter, le ministre leur a demandé de ne pas imposer la réduction de la consommation des espaces naturels de moitié, en attendant le résultat de la concertation entre collectivités qui devrait avoir lieu en octobre. De quoi redonner de l'air aux maires, qui passeront peut-être à leur tour le masque à oxygène aux promoteurs.
Les chiffres clés du secteur au T2 2022 :
Permis de construire : 128.000 (dont 66.000 pour les logements collectifs)
Mises en chantier : 93.400 (dont 39.900 pour les logements collectifs)
Ventes de logements neuf : 31.540