
Logement : Emmanuel Macron veut un « double choc »

A-t-on trouvé la raison du report des annonces d’Olivier Klein ?
Deux jours après la date à laquelle le Ministre du Logement devait annoncer une vingtaine de propositions issues des trois groupes de travail du Conseil national de la refondation (CNR), le président de la République lui a quelque peu coupé la chique, en accordant une interview fleuve au magazine Challenges. Au menu, les prochaines thématiques dont s’emparera l’exécutif dans les prochains mois.
Industrialisation, pouvoir d’achat, inflation… Autant d’épines dans le pied d’un gouvernement qui peine à repartir après l’important épisode de tension sociale créé par l’opposition à sa réforme des retraites. D’autant que le logement s’immisce depuis peu dans les sujets chauds à suivre. La faute à une production de crédit qui s’effondre, des ménages qui peinent à emprunter et des constructeurs qui se plaignent de ne pouvoir construire (autant qu’ils le voudraient).
C’est donc naturellement que le thème s’est imposé dans l’interview du président.
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Après avoir reconnu l’existence d’une «crise multifactorielle du logement», il a usé de son sens aigu de la formule choc pour appeler à un… «double choc ». « D’abord, une simplification et une réduction des délais pour produire de nouveaux logements. Ensuite, regarder comment développer beaucoup plus de logements locatifs intermédiaires pour baisser les prix, parce que la crise du logement se situe là.» a-t-il évoqué sans donner plus de détail. «On doit provoquer ce choc en concertation. Via une conférence des parties. On ne peut tout attendre de la réforme gouvernementale», a-t-il poursuivi.
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Un appel à la concertation qui a en réalité déjà eu lieu : le CNR Logement a réuni quelque 200 acteurs, répartis dans trois groupes de travail sur différentes thématiques. D’où leur déception du report des annonces issues de leurs réflexions.
Les deux co-animateurs du CNR Logement, Véronique Bédague, présidente et directrice générale de Nexity et Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, ont fait part de leur amertume sur le plateau de C à vous sur France 5 le 8 mai dernier.
«C’est un acte manqué ! Tout le marché est en train de se tendre. On a travaillé, on était prêts, a regretté la patronne du premier promoteur de France. Je pense que les arbitrages n’étaient pas rendus. Il y a toute une politique à décliner et je pense qu’elle n’était pas finalisée.»
«Ce report montre que le logement ne fait pour l’instant pas partie des priorités du gouvernement», a appuyé son partenaire Christophe Robert, ajoutant qu’ils avaient appris la nouvelle du décalage le vendredi. «Le gouvernement est dans le déni : il n’a pas pris en compte la gravité de la crise immobilière. On est reçus, écoutés, mais il ne se passe jamais rien», a encore taclé Véronique Bédague.
Le ministère du Logement n’a pour l’instant toujours pas communiqué de nouvelle date de prise de parole d’Olivier Klein. Un point d’étape seulement puisque le président de la République devra ensuite arbitrer parmi toutes les propositions issues des CNR.